• THE FIRST LOVE OF AIKA SATÔ

    Chapitre 3


    Aujourd’hui, est le jour de la rentrée des vacances d’été et je dois bien avouer que je stresse énormément.  Arrivée dans une école en cours d’année n’a jamais été une partie de plaisir et je m’en passerai bien. D’un geste vif, j’attrape mon uniforme qui se trouve pendu à mon armoire et je l’enfile rapidement. Je me regarde alors de nouveau dans la glace. Mon uniforme est composé d’un chemisier à manche courte de couleur blanche assorti avec une cravate de couleur bordeaux avec le blason du lycée. La jupe de taille réglementaire est également de la même couleur, mais unie que je porte avec des collants fins et des ballerines de couleur noire que Yasushi m’a offert lorsque j’ai réussi le concours d’admission. Me voici donc en petite fille riche modèle et je ne peux m’empêcher de sourire ironiquement. Je prends donc mon sac et en attrapant mon bento que j’ai pris soin de préparer, je sors de l’appartement. Yasushi n’est pas pour le moment à la maison, il a du partir une semaine à Paris pour un défilé de mode et je me retrouve seule à affronter cette épreuve. Enfin pas totalement seule car en sortant de l’appartement, je retrouve mon garde du corps qui se trouve être Ryuku. Depuis ce fameux jour, lorsque son emploi du temps le permet, nous passons du temps ensemble, ainsi nous nous sommes découverts plein de points communs et je suis heureuse de savoir que je serais dans le même bahut que lui.

    - Tu ne stresse pas trop ? Me demande-t-il alors qu’on est sorti du bâtiment et qu’on se dirige vers le bus que nous devons prendre. Encore aujourd’hui il me surprend, il ressemble plus du tout au garçon que je vois tous les jours, il porte son uniforme réglementaire et ses cheveux qui sont normalement coiffés magnifiquement bien, ne le sont pas et il porte également des lunettes.

    Voyant que je m’intéresse plus à son apparence inhabituelle qu’à mon stress qui n’a plus lieu d’être. Il sourit amicalement et murmure.

    - Eh oui le naturel Ryuku Takashima ressemble à ça ! Déçue ?

    Je me mets à rire de bon cœur lorsqu’il me lance son regard ténébreux et lui répond d’une voix enjouée.

    - N’importe quoi, mais avoue que pour l’instant tu ne m’avais jamais montré ce côté de ton physique et limite je m’en veux de ne pas avoir mon appareil sur moi.

    - Et encore tu n’as rien vu ! Rajoute-t-il en me faisant un clin d’œil sexy.

    Il n’y a rien à dire, ce jeune homme est vraiment excellent mais je dois bien avouer qu’avec lui, je ne m’ennuie pas du tout. Malgré l’apparence négligée qu’il aborde aujourd’hui, il faut bien avouer qu’il est terriblement charismatique. Ses cheveux bruns clairs presque roux lui tombent sur le visage ce qui le rend très mignon tandis que ses lunettes d’un grand créateur lui donnent le physique d’un premier de la classe, très populaire et très classe.

    Lorsque l’on monte dans le bus, tous les regards se pose à la fois sur moi et Ruyku, qui me prend délicatement le poignet pour que je puisse le suivre. Tous les regards des lycéennes se posent sur moi et je réalise enfin que Ryuku est avant tout le mannequin populaire du moment. Mince j’aurai du y penser plus tôt. Je sens que finalement, je vais avoir de bonne raison de stresser si les journées se passent comme je l’imagine et qu’on voit dans les divers dramas du genre.

    - Dis-moi Ryuku-kun ! Enfin je veux dire Takashima-san...

    Je dois faire attention à ma façon de m’adresser à lui, moi. Du coin de l’œil je peux voir le regard noir de certaines lycéennes, c’est sûr que Ryuku ne doit pas souvent se faire appeler uniquement par son prénom. Il semble étonné que j’utilise son nom de famille plutôt que son prénom mais semble d’un seul coup également réalisé la situation.

    - Oui ? Satô-san ?

    Je m’approche de son oreille et lui murmure pour que personne ne puisse entendre.

    - Je sais bien que pour toi, les relations amoureuses sont un jeu, mais permet moi de te demander, même au lycée tu te comportes de cette façon avec les filles ?

    Il semble rougir à ma question et je peux voir qu’il est très gêné par ma question mais bon je dois avouer que j’aimerais savoir à quoi m’attendre dès le début.

    - Je ne te juge pas, je t’assure, mais j’aimerais savoir comment je dois prendre les différents regards que je vois sur leurs visages, tu comprends ?

    Il se retourne face à moi et j’aperçois de nouveau une facette que je ne connaissais pas, il est vraiment rouge de honte que j’en reste bouche bée.

    - C’est trop gênant, surtout que je ne veux pas que tu croies que je suis un véritable salaud quoi…

    - Tu couches donc avec toutes celles qui te le demandent ?

    Il baise le visage de honte et limite, je m’en veux de lui poser ce genre de question…Mais autant en avoir le cœur net.  Je m’éloigne de lui et lui donne une petite tape sur le dos en lui disant.

    - Ok, maintenant je comprends, et n’ai pas honte, t’es sans doute pas le seul du bahut.

    Il ne relève cependant pas la tête, et tout le monde dans le bus semble se demander ce qu’il se passe. De mon côté, je me sens d’un seul coup très mal à l’aise face à une réaction aussi extrême  de ce garçon que je pensais si désinvolte.

    - Hé ! Takashima-san, je t’assure, te sens pas gêné, tu es jeune…donc tu as parfaitement le droit de profiter de ta puberté, tu sais ? Ce que je veux dire, c’est que si elles ont conscience qu’elles ne sont que tes « sex-friends », je ne vois vraiment pas où est le mal…alors désolé si ma question t’as choqué, je t’assure que ce n’était pas mon intention.

    J’ai parlé le plus doucement possible pour que personne n’entende, après quelques secondes il relève enfin la tête et sans me regarder murmure.

    - Tu n’as pas à t’excuser, c’est juste que ça me plait pas que tu es une mauvaise image de moi, c’est tout.

    Ah il est trop mignon, il se comporte comme ça avec toutes les filles où quoi ? Je pose ma main gentiment sur son épaule, le forçant ainsi à me faire face alors que mes yeux ne quittent pas les siens.

    - Hé, je t’assure que cela n’enlève rien au fait que je t’apprécie donc commence pas à croire que je te prends pour un beau salop, tu as sans doute tes raisons et puis je suis loin d’avoir le droit de juger quelqu’un, d’accord ?

    Il semble étonné de ma tirade et finit même par sourire timidement en marmonnant :

    - T’es vraiment une fille bizarre, j’en connais pas deux comme toi.

    Je souris également et lui retourne le compliment. Notre arrêt arrive enfin et on descend ensemble de nouveau. Alors que je suis sur le point de descendre la dernière marche, je sens des bras me pousser hors du bus.  Alors que je suis sur le point de tomber, je sens les deux bras de Ryuku m’attirer contre lui et il me murmure.

    - Un peu plus et tu t’écroulais par terre, tu vas bien ?

    Je m’éloigne de lui et avec un sourire je lui réponds que tout va bien avant de me retourner et faire face aux filles qui sont sans doute responsable de mon déséquilibre. C’est alors que j’aperçois la même fille qui se trouvait un mois auparavant sur le pas de la porte de Ryuku qui me fixe de son regard noir. Punaise, c’est bien ma veine de tomber sur l’ex sex-friend de mon nouvel ami. Je pense qu’il va falloir, malgré que je n’en aie vraiment pas envie, que je garde une certaine distance avec Ryuku pour ma propre sécurité. Je souffle malgré moi et me retourne vers Ryuku pour lui demander s’il peut m’indiquer où se trouve le bureau du principal. Je le quitte alors et me dirige vers l’endroit qu’il m’a indiqué lorsque j’entends une voix familière appeler mon nom. Je me retourne et découvre avec plaisir qu’il s’agit de Nobuo-kun, un des kouheis de mon frère que j’ai rencontré dès qu’il a commencé le mannequinat mais qui à cause d’une bagarre qui a mal tournée, s’est retrouvé avec une cicatrice au coin de l’arcade, ce qui a mis fin à sa carrière malheureusement. Cependant, cet échec ne semble pas trop l’avoir déprimé si j’en juge le visage souriant qu’il me lance. Je le salue également et j’apprends qu’il n’est pas étranger à la décision qu’a prise mon frère de me faire rentrer dans ce lycée.

    - Il voulait que tu ais un visage familier à ce qu’il m’a dit, seulement je ne serai là que cette année puisque je suis en dernière année.

    - Je vais donc devoir t’appeler Shinjo-sempai ?

    Il sourit de toutes ses dents et en passant ses bras autour de mon cou avec un visage assez séduisant comme il a apprit à le faire, il m’offre un sourire mystérieux et ajoute.

    - Tu sais baby entre toi et moi, ça a toujours été une grande histoire d’amour donc si tu veux bien j’aimerai que tu m’appelle Nobuo tout court car après tout, on est totalement fou l’un de l’autre.

    J’explose de rire devant les regards choqués des autres élèves et prend part au petit jeu de mon sempai.

    - Très bien mon Nobuo d’amour, je suis si heureuse que la distance qu’il y avait entre nous ait disparu. Si tu savais comme tu m’as manqué.

    - Toi aussi mon ange, ajoute-t-il en me serrant fortement dans ses bras alors que je suis hilare tout comme lui.

    Il s’écarte alors de moi en reprenant le visage sérieux d’un véritable sempai et ajoute que malgré le bonheur qu’il ressent, c’est de son devoir de m’accompagner jusqu’au bureau du proviseur. J’accepte avec plaisir sa proposition et on se dirige vers notre destination en nous posant les questions habituelles. Nobuo connait beaucoup de notre histoire puisqu’il fut sous l’aile de mon frère dès ses débuts,  il mangeait souvent chez nous et il y dormait également, c’était comme un second frère pour moi.

    - Sinon tu vas mieux, toi ? Ajoute-t-il après un court silence.

    Je souris à sa question car je sais parfaitement où il veut en venir. Il fait référence aux deux conneries consécutives que j’ai faites lorsque je n’allais vraiment pas bien.

    - Oui, je vais bien ! J’ai arrêté toutes les conneries. Maintenant je réalise que j’ai été idiote, mais je dois avouer que si je n’avais pas rencontré ce jour là, Atsuo Nakazaki, je ne suis pas vraiment sure que j’aurai changé.

    Il sourit également à l’énonciation de notre photographe adoré. Suite à sa cicatrice, il était clair qu’il n’avait plus sa place sur un magazine ou dans un défilé alors qu’il venait juste de commencer sa carrière mais Atsuo Nakazaki, notre en quelque sorte sauveur, a insisté pour qu’il fasse le shooting pour lequel il était à la base le mannequin avec mon frère, et malgré le désaccord de pratiquement toute l’équipe, il a permis à Nobuo de reprendre confiance en lui tout comme ce même jour, il m’a donné une raison de continuer de vivre en changeant ma façon de voir le monde. Je ne pense pas que, Nobuo et moi-même, oublierons un jour, ce qu’il nous a offert alors qu’on se sentait totalement vulnérable.

    Alors que nous sommes enfin arrivés devant la porte du bureau du directeur, il me dit :

    - Si jamais tu n’as personne avec qui manger la miss, ce que je doute vue que tu es devenue une ravissante jeune fille, n’hésites pas à venir dans ma classe, c’est dans le bâtiment des troisièmes années, classe A, d’accord ?

    Je le remercie encore et alors que je le vois disparaitre derrière au coin du couloir, je prends mon courage à deux mains et frappe à la porte. On me prit d’entrer et je me retrouve face à un assez jeune homme qui doit avoir dans la trentaine, je présume. Il sourit à mon étonnement mais qu’il ne semble pas le surprendre non plus. Il faut dire que je m’attendais plus à un homme ayant la quarantaine que la trentaine. Il me prit de m’assoir et me félicite pour les résultats que j’ai obtenu. Il faut dire que pour ne pas gaspiller l’argent que Yasushi a eu la gentillesse de m’être dans mon éducation, j’ai tout fait en sorte de ne jamais le décevoir, ce qui fait que généralement, j’ai pratiquement quatre-vingt-quatre-vingt dix sur cent à chaque examen. Il semble cependant que j’ai des difficultés en japonais ancien. Il m’informe que je vais me retrouver en seconde année, classe A, ce qui correspond dans une école de riche, à la classe où sont réunis les génies de l’établissement si j’en conclu après avoir entendu son baratin. Cela  signifie également que Nobuo doit être dans le même cas que moi. Après avoir récupéré mon emploi du temps ainsi qu’avoir entendu les certaines règles indispensables à savoir, il se lève et nous nous dirigeons vers ma classe. Lorsque nous arrivons face à la porte ou se trouve derrière ma nouvelle classe, le stress prend de nouveau possession de mon corps alors que j’attends sans vraiment d’impatience que le principal me demande d’entrer. D’un coin de l’œil, je vois sur mon emploi du temps qu’il s’agit du cours de japonais ancien et je commence déjà à me demander si je ne risque pas d’être totalement perdue dans cette matière. Il me prit d’entrer et j’avance jusqu’à la petite estrade en saluant ma nouvelle enseignante. Le principal sort et la prof me demande alors de me présenter à la classe tandis qu’elle note au coin du tableau mon nom et prénom.

    - Bonjour tout le monde, je m’appelle Aika Satô et je suis enchantée de faire votre connaissance.

    Je me penche alors pour les saluer et lorsque je me relève, mon regard rencontre celui de Ryuku qui se met à rire discrètement en me faisant un clin d’œil. Je dois avouer que je suis bien surprise de savoir que je suis dans la même classe que lui. D’un vif coup d’œil, je regarde les visages des autres élèves qui composent ma nouvelle classe, et je dois bien avouer qu’à part Ryuku, tous ont des têtes d’intellos limite un peu Otaku mais bon je verrai bien comment cela se passera.

    - Il reste une place libre derrière Takashima-san, donc je te laisse t’y installer. De plus as-tu eu l’occasion de te procurer les manuels nécessaires ?

    Je lui réponds que je les ai achetés et elle me laisse me diriger vers ma place tandis qu’elle reprend son cours. Sans un mot, je m’installe à mon bureau et à peine deux minutes plus tard, je vois la main de Ryuku déposait un morceau de papier sur ma table ou sont déposés les mots suivants : « Bienvenue voisine ^_~ ! Ca te dit qu’on mange ensemble à midi ? » Je souris et je décide d’attendre la pause pour répondre à sa question. Dès que la sonnerie se met à résonner et que la prof a quitté la salle, il se retourne vers moi et avec un visage faussement vexé me dit :

    - T’as vraiment cru que j’étais un cancre ou quoi ?

    Je me mets à rire et lui retoque qu’il n’a pas vraiment la tête de l’emploi, ce qu’il lance également à mon égard.

    - Au fait alors à midi, on mange ensemble ?

    - Tu n’as pas une fille à aller voir, plutôt ? Dis-je en lui tirant comiquement la langue, ce qui le fait rire et avec un regard perçant, il me répond :

    - Qui ne te dit pas que c’est toi la fille que je dois aller voir ?

    Je le regarde perplexe et il explose de rire lorsque je lui adresse :

    - Si t’essayes de me draguer, je dois t’avouer que tu t’y prends comme un pied.

    - Oki, oki, c’est bon…J’ai compris ! Dit-il sur un ton détaché.

    - Mais d’accord pour ce midi, puisque je n’ai pas vraiment envie de déranger Nobuo-kun, dis je simplement alors qu’il me regarde intrigué par l’énonciation de Nobuo.

    - Nobuo Shinjo, un ancien kouhei et ami de mon frère. Il est en dernière année donc à mon avis même pendant les pauses, il doit travailler dur pour les examens d’entrée qu’il va passer en décembre-février.

    - Ah oui ! Celui qui a une cicatrice ?

    J’acquiesce et alors qu’on est tombé dans le silence, il me demande.

    - Tu es assez proche de lui ?

    Sans être vraiment étonné par cette question, je souris tristement et murmure.

    - Assez, depuis qu’il a commencé dans le métier, j’ai eu l’habitude de le côtoyer…donc on peut dire qu’on se connait plutôt bien l’un et l’autre, enfin plutôt nos tristes secrets, quoi…

    - Je comprends, murmure-t-il simplement avant de se retourner à son bureau alors que notre professeur de mathématiques rentre dans la salle signalant la reprise des cours.

     

    Depuis ce jour, deux mois ont passés, et les journées suivent leur cour, plus ou moins. Lorsque Ryuku, n’est pas en cours, mes journées au lycée peuvent devenir totalement infernales, entre les regards méprisants des filles et voir les sals coups des autres, je tente de survivre. Je pense que je n’arriverai jamais à m’habituer à l’Ijime, ou même à comprendre à quoi ça sert. Même si j’entends que c’est souvent un moyen pour ceux qui le pratique d’évacuer le différent stress qu’ils accumulent avec le fait qu’ils doivent toujours être les meilleurs dans tous les domaines, pour ma part je trouve qu’il s’agit simplement de pure jalousie d’enfants gâtés. Alors que je viens de me recevoir pour la énième fois un seau d’eau fraiche sur le visage, qui comme par hasard a été versé par une fille, qui comme d’habitude n’a pas fait attention en bas,  je me dirige vers ma salle alors que mon chemisier est totalement transparent désormais. Pour ma veine, heureusement que j’ai toujours tendance à porter un débardeur en dessous ce qui fait qu’on ne voit pas du tout mes sous-vêtements.  Lorsque j’ouvre la porte de la salle je me retrouve face à Ryuku qui semble étonné de me voir ainsi.

    - Faut croire que je n’ai pas de veine aujourd’hui, je me suis pris un seau d’eau sur la tête, dis-je sur le ton comique. Je ne risque pas de lui dire que depuis le début, j’ai la joyeuse chance t’attirer la jalousie de ses fanatiques. Il me fixe perplexe cherchant en moi une réaction qui pourrait lui indiquer que je lui mens mais sans un mot, je retire mon chemisier devant les autres membres de la classe, habitué désormais de me voir ainsi et j’attrape mon chemisier de rechange.

    - C’n’est pas la première fois, c’est ça ?

    Je me retourne et fait face au regard à la fois furieux et inquiet de Ryuku. Je m’approche de lui et je tapote son épaule en disant.

    - Ouais, je suis une grande maladroite, que veux-tu ?

    Il saisit alors mon poignet et me force à le regarder droit dans les yeux en disant.

    - Tu me prends pour un idiot, elles te persécutent, c’est ça ?

    Sa voix est tremblante comme son corps alors que je peux voir dans son regard la culpabilité qu’il ressent. Non je ne veux pas que lui non plus, il se sente coupable ou obligé de me protéger. Je me détache alors de son emprise et en le regardant droit dans les yeux, j’ajoute :

    - Si tu crois qu’elles me persécutent à cause de toi, tu as tort ! Elles ont juste découvertes que j’étais la petite sœur de Yasushi, c’est tout. Tu n’as pas de soucis à te faire, depuis petite, je suis habituée à ça.

    Ce qui n’est pas un mensonge en soi, mon frère a toujours été le mannequin le plus adulé, donc il m’est arrivé plus d’une fois ce genre de situation. Au début, on souffre en silence, on a l’impression que c’est nous qu’avons tort d’être proche de la personne, mais si on ne se résonne pas rapidement cela peut devenir vraiment un enfer. Dans le cas présent, je n’aie vraiment rien à me reprocher, je suis seulement amie avec lui alors si cela gêne j’y peux rien, cela ne va pas m’empêcher de rester à ses côtés. Je finis de me rhabiller correctement alors qu’il reste muet comme une carpe devant moi avant de partir en courant après avoir murmurer d’une voix tellement faible et saccadée:

    - Je ne comprendrai jamais ça.

    Sans réfléchir, je cours à sa poursuite après un petit moment de réaction et après une courte recherche je le retrouve assis à notre coin habituel. En m’approchant de lui, je découvre qu’il tremble comme une feuille alors que je suis enfin à quelques centimètres de lui. Il remarque enfin ma présence et me lance.

    - J’aurai dû le savoir, mais pourquoi ne l’as-tu pas dis ?

    - Mais de quoi tu parles ? Je t’ai dis que c’est parce qu’elles ont découverts pour mon frère, idiot !

    - Tu mens, je sais que tu mens, je ne sais pas pourquoi mais je le sais.

    Sa voix est dure et tranchante que je n’arrive pas à l’en dissuader. Je finis par m’asseoir à ses côtés alors qu’il semble perdu dans ses pensées.

    - Tu sais, tu n’es pas la première personne, qui par ma faute, s’est retrouvée persécutée par les autres. Mais moi à l’époque, je me doutais pas que cela pouvait exister, je pensais toujours que ça n’était que dans les livres ou les dramas mais jamais dans la vraie vie. Comment aurai-je pu imaginer que cela lui arrive à elle ?

    Les tremblements se font plus intenses alors que je commence vraiment à paniquer, il m’inquiète vraiment. Sa voix est plus que brisée, elle est telle un murmure presque inaudible, que sans réfléchir, je le prends dans mes bras et l’enserre fortement contre moi. Je ne peux pas l’expliquer, j’ai la terrible impression qu’il est parti dans ses souvenirs, des souvenirs qui comme les miens, il ferait mieux d’oublier mais qui pourtant sans raison apparente reviennent nous hanter tels des fantômes. Il ne se défend même pas et vient même passer son bras musclé autour de mon corps si frêle alors que je peux sentir sur mon cou, les larmes qu’il n’a pas pu retenir. Je ne sais vraiment pas quoi faire face à sa détresse, mais comment pourrais-je l’aider ?

    - Tu n’es pas responsable malgré ce que tu penses, je ne connais pas tes blessures, ni ton passé, ni la personne dont tu parles. La seule chose que je sais, c’est que tu n’es pas le responsable. Tu vois, je connais l’Ijime, j’ai pris l’habitude d’être la victime…Au début, j’ai toujours pensé que c’était de ma faute, qu’elles avaient raison, que je n’avais aucun droit d’être à ses côtés. Je vivais mal la situation car malgré tout ça je n’arrivais pas à partir car il ne le voulait pas. Un jour, j’ai eu la chance de rencontrer une personne qui m’a redonné confiance en moi-même et qui m’a montré que j’avais tous mes droits d’être à ses côtés, que la jalousie pouvait faire devenir le plus gentil des humains en l’être le plus mauvais qui soit mais que je ne devais en aucun cas me sentir coupable d’être proche d’une personne. Depuis, malgré tout ce qu’on me fait subir, je ne dis rien car quoiqu’elles fassent ou disent, je sais que je n’ai pas à avoir honte d’être aux côtés de mon frère ou même d’être ton amie.

    Je ne sais pas ce qu’il a bien pu penser de cette tirade qui nous a plongés dans un silence total alors qu’on entend la sonnerie des reprises des cours sans que cela ne nous fasse réagir. Après un petit moment, il relève enfin son visage et nous nous retrouvons face à face, son expression s’est calmée tout comme ses tremblements, il ancre enfin ses yeux dans les miens, le regard franc, et me murmure.

    - Promets-moi que tu ne garderas plus jamais ça uniquement pour toi, promets-moi que tu me le diras ? Quoi qu’il arrive ? Je veux au moins pouvoir te protéger, s’il te plait.

    Je souris malgré moi et alors que je suis sur le point de lui dire, que je suis assez grande pour me protéger face à des méchantes filles, il ajoute qu’il est vraiment sérieux. Son expression est désormais plus que troublante que mon cœur se met d’un seul coup à battre plus rapidement, alors qu’il caresse tendrement mon visage, nos lèvres se trouvent dangereusement proches. Voyant sans doute mon trouble, il s’éloigne de moi  et se lève en me tendant la main que j’accepte.

    - Bon autant qu’on sèche cet après midi, non ?

    Son visage s’est d’un seul coup décontracté et il m’offre enfin un sourire.

    - Pourquoi pas, mais on va avoir du mal à sortir du bahut alors !

    Il me fait un regard mystérieux et sans un mot, il m’entraine avec lui en me tenant par la main. Malgré le fait qu’on est faillit se faire avoir trois ou quatre fois, on arrive enfin à la clôture du lycée et il m’aide gentiment à monter avant qu’il fasse la même chose. Je lui propose d’aller dans un karaoké, ce qu’il accepte avec plaisir et on passe la totalité de notre après midi à chanter comme des fous, ce qui m’a fait le plus grand bien.

    Seulement la réalité fait son grand retour lorsque je retourne à l’appartement et y découvre mon sac sur le canapé.

    - Tu étais passée où ?

    Yasushi qui est assit sur le fauteuil ne me quitte pas des yeux. Son regard est noir. Il faut bien l’avouer que c’est la première fois de ma vie que je sèche les cours sans avoir une raison valable.

    - Tu te rends compte que j’étais mort d’inquiétude, lorsque ton principal m’a appelé pour me dire que tu n’étais pas en cours. Impossible en plus de te joindre, tu t’imagines ce que j’ai pu penser ?

    - Je suis désolée, Onii-chan…

    - En plus de ça, tu étais avec un garçon, non ?

    - Mais non, ce n’est pas…

    - Écoutes Aika, tu es libre d’avoir un petit ami c’est de ton âge mais je ne peux pas accepter que tu sèches les cours pour aller flirter ! Je pense que je suis assez laxiste en général, mais j’aimerai que tu restes concentrer sur tes études lorsque tu es en cours.

    J’hallucine, il croit vraiment que je suis allée flirter avec un garçon ? Je souffle exaspérée et sans pouvoir me retenir je lui lance.

    - Tu crois sincèrement que j’ai séché pour aller flirter avec un garçon ? N’importe quoi, en plus Ryuku est loin d’être mon petit ami alors…

    - C’était Ryuku ?…Tu sais qu’il…

    - Que c’est le Donjuan du lycée ? Merci bien Onii-chan d’amour mais je l’avais remarqué ! Mais avant d’être un Donjuan, il s’agit également d’un ami, qui aujourd’hui ne sentait pas bien…je l’ai donc accompagné pour qu’il puisse changer d’air ! D’accord, ce n’est pas une raison pour sécher mais je suis persuadée que dans ce cas, tu aurais fais la même chose. Par contre ne m’insulte pas en me disant que je sèche les cours pour aller flirter, c’est clair ?

    Je regrette déjà d’avoir prononcé ses derniers mots, pourquoi est ce que depuis qu’on est à Tokyo, mes relations avec Yasushi sont devenues aussi compliquées. Cela fait deux semaines que nous ne nous  sommes pas vus qu’on commence déjà à nous disputer.

    - Désolée Yasu-nii, je n’ai pas le droit de te parler de cette façon.

    - Non, c’est moi qui aurais dû écouter tes explications au lieu de te faire la morale.

    Il se lève alors du fauteuil et en me tapotant gentiment la tête, il me demande si je vais bien ainsi que les questions habituelles auxquelles je réponds, soulagée que le malentendu soit dissipé.

     

    Le lendemain, sans que vraiment cela me surprenne les regards dans le bus de l’allée sont vraiment insupportable qu’il faudrait être myope pour ne pas les voir ni les sentir.

    - Aujourd’hui, je ne te quitte pas des yeux, me murmure Ryuku au creux de l’oreille.

    Je dois bien avouer qu’aujourd’hui je n’ai pas spécialement envie de le rassurer sur l’ijime dont je pourrais être victime pour la bonne et simple raison que je n’ai jamais eu un aussi mauvais pressentiment. Je ne saurais pas vraiment comment l’expliquer mais au fond de moi, je sens qu’il va m’arriver quelque chose et c’est avec cette sensation que je passe la grande partie de la journée dans la classe sans quitter un seul instant Ryuku. Seulement à la pause déjeuner, n’en pouvant plus, je me lève pour me diriger vers les toilettes. Aucune fille ne semble tenter quelque chose et j’arrive un peu mieux à respirer, mais lorsque j’arrive aux niveaux des toilettes, je sens des mains me pousser à l’intérieur de ceux-ci et je m’écroule au sol. Lorsque je me relève, je me retrouve face à six filles dont parmi elles, la fameuse Motoko. Sans que je puisse réagir trois d’entre elles me bloquent dos au mur alors que je vois, Motoko sortir de son sac, un cutter qu’elle a du voler du cours de dessin et se dirige droit vers moi en ajoutant le regard haineux.

    - Alors comme ça, on essaye de s’approprier Ryuku-kun, Aika-chan ?

    - Qu’est ce que tu racontes on est seulement ami, lui et moi !

    Elle prend froidement mon visage dans ses mains alors que je tente d’apercevoir ce qu’elle compte faire de moi.

    - Tu nous prends pour des idiotes ou quoi ?

    - Je vous assure que nous sommes seulement amis, je vous le jure.

    - Ah oui, alors pourrais-tu m’expliquer pourquoi depuis que tu es arrivé dans notre bahut, il a cessé d’accepter nos propositions.

    - J’n’en sais rien, moi ! Peut être qu’il a comprit que ça ne lui apportait rien ou peut être qu’il est fatigué de vous !

    Bordel, je ne suis vraiment pas dans une situation pour ouvrir ma grande gueule ! Une chose est sure, c’est que Motoko n’a vraiment pas apprécié la remarque. D’un geste de la main, elle ouvre le cuter qu’elle tient dans sa main. D’un seul coup, le cuter disparait et est remplacé par un couteau, ce couteau que je connais si bien, taché de sang…je sens alors ma cicatrice me bruler tandis que ma vision se trouble et que ma respiration s’accélère…non, c’est vraiment pas le moment pour que ses images me reviennent…mais désormais à la place de Motoko, il s’agit de nouveau cette femme qui tient ce couteau taché de sang et qui hurle sur moi des mots que je n ’arrive pas à comprendre. La seule chose que je parviens à comprendre dans toutes ses images c’est que quelqu’un dans la réalité tente de me parler et qu’il s’agit de Ryuku, mais avant que je ne puisse m’échapper de ce cauchemar, je tombe dans un profond sommeil. 

    Malgré cet évanouissement les images de ce cauchemar continuent de me poursuivre, tant bien que mal que lorsque je me réveille, je suis de nouveau dans un état d’hyperventilation. Je sens alors deux bras m’enlacer et j’entends enfin la voix de Ryuku qui tente de me calmer en me disant de respirer plus lentement mais rien n’y fais, je commence à être prise par de grands tremblements alors que je sens que l’infirmière panique également jusqu’à je sente enfin la douceur des bras de Yasushi me serrer contre lui en me murmurant tendrement.

    - Calme-toi Aika, c’est bon je suis là, je serai toujours là pour te protéger, je te le promets. Ce n’est pas de ta faute alors arrête de penser à ça.

    C’est tout bête mais à chaque fois qu’il me dit ses mots, je me sens d’un seul coup tellement plus légère que mon état se calme et que je me laisse m’assoupir aux creux de ses bras, et ce depuis ce fameux jour, où notre vie a totalement été bouleversée.


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