• Chapitre 21 :

    Finalement je me suis décidé à assister à l’anniversaire avec pour unique but d’intervenir au cas où mon père déciderait de pointer son nez pour détruire l’anniversaire de Julia. Je suis accompagnéde Kelly qui porte une longue robe noire avec un léger décolleté, ses longs cheveux blonds sont attachés en un chignon alors que quelques mèches lui tombe sur le visage. Elle s’est maquillée discrètement et je vois encore à quel point, elle n’est plus la même jeune fille qu’elle était avant. De nature possessive, elle est devenue compréhensible et en plus très gentille. On pourrait dire que les épreuves que nous avons endurés, nous ont renforcés et je pense que c’est le seul point positif que nous pouvons en tirer. De mon côté, je porte un costard cravate noir également avec un chemisier légèrement mal boutonné pour avoir un style un peu négligé. Nous sommes à l’entrée du château loué pour l’occasion alors que j’ai l’impression de stresser comme un enfant qui va pour la première fois sur scène, lors d’un stupide spectacle de fin d’année. Kelly semble avoir aperçu mon trouble puisqu’elle me sert tendrement la main alors qu’elle me tire vers l’intérieur.

    Dès que nous arrivons dans la grande salle magnifiquement décorée, j’aperçois du regard Mathieu qui discute vivement avec Thomas, le grand frère de Julia. Mathieu porte un magnifique costard noir également ainsi que Thomas. Je laisse Kelly qui s’est dirigée vers sa famille pour m’approcher d’eux. Mathieu me sourit alors que Thomas se tourne vers moi étonné mais il me sourit cependant.

    - Bonjour Kévin, tu es finalement venu ?

    - Oui, j’avais besoin de surveiller quelqu’un !

    Thomas sourit tendrement et murmure :

    - Julia, je suppose ?

    - Oui tout d’abord mais surtout quelqu’un en particulier.

    - Qui ? Me demande-t-il en entendant le son glacial de ma voix.

    - Son père, intervient Mathieu.

    - Pourquoi ? Demande-t-il vachement étonné et d’un seul coup inquiet.

    - Je ne peux rien dire, désolé Thomas, je n’en ai même pas parlé à Kévin.

    - Ne me dites pas que ton père à un lien avec sa subite envie de revenir en France ?

    Kelly vient à notre hauteur saluer Mathieu et se présenter à Thomas. Kelly se présente alors et rajoute.

    - Je serai, je l’espère très prochainement, l’ex fiancée de Kévin. Je souhaite vraiment qu’ils puissent se remettre ensemble.

    - Mais je comprends plus rien, toi et Julia n’étiez pas ensemble ? Je pensais que c’était à cause d’une dispute qu’elle voulait revenir à Paris ?

    - C’est très compliqué, rajoute Mathieu. Tiens il y ‘a Sandra.

    Elle arrive toute souriante et semble vraiment étonné de me voir mais elle sourit en disant.

    - Super, tu es finalement venu, Kelly es-tu devenue persuasive ?

    - Je ne sais pas en tout cas il est bien là, c’est le plus important, non ?

    - Exact, dit elle en faisant la bise à tout le monde avant de se jeter dans les bras de Thomas en disant :

    - Grand frère comme tu m’as tant manqué !!!

    Mathieu, Kelly et moi-même rigolons alors que Thomas essaye de se débarrasser de Sandra qui semble prendre un malin plaisir à l’embêter.

    Lorsque d’un seul coup, je vois apparaître à la porte, mon père. Mon regard se fait noir alors qu’il s’approche de la famille de Kelly. Je sens en moi monter à la fois de la colère mais surtout de la peur de se que pourrait amener la suite des événements. Kelly semble également avoir remarqué sa présence et me prend la main comme pour me dire, courage ! Je sais que normalement je devrais aller le saluer mais l’envie n’y est vraiment pas alors pour une fois, je ferai comme s’il n’était pas mon père, plus que d’habitude.

    - Kévin, nous devrions y aller, il nous a vu !

    - Va-y s’il te plait, moi je reste là, car si j’y vais-je risque de craquer comme la dernière fois où je l’ai vu.

    - Kévin…

    - Désolé, Kelly, mais non…je n’irai pas.

    Elle hausse les épaules et murmure.

    - Je lui dirai que tu étais en pleine conversation avec Mathieu et Thomas.

    - Merci, Kelly.

    Elle m’embrasse sur la joue et s’éloigne de nous. Je me demande quand Julia va arriver, j’ai vraiment envie de la voir. Une main se pose sur mon épaule et je me retourne sur un Andrew souriant de toutes ses dents.

    - Super, le Prince de la dame de ce soir est venu. Il ne manque plus qu’elle.

    - Arrêtes de dire des conneries.

    Il me sourit gentiment et salue Mathieu et Thomas, alors que je remarque enfin la jeune fille qui est avec lui. Une jeune fille typée Asiatique, elle porte une belle robe bleu nuit qui met en valeur sa peau si pale et ses cheveux si noirs. Elle semble gênée alors qu’Andrew l’amène contre lui en disant.

    - Et voici Mizuki, la femme de ma vie.

    Elle semble touchée par les paroles qu’il ose clamer haut et fort mais s’éloigne de lui et se dirige sans un mot, il me semble vers sa famille, alors qu’Andrew non étonné par cette réaction murmure.

    - Comme d’habitude.

    Il semble un peu blessé par la réaction de la jeune fille mais réagit immédiatement en disant.

    - Bon la reine de cette soirée, elle arrive quand Thomas ?

    - Mon père m’a dit que comme c’était une surprise, il ne fallait pas s’étonner si à 21 heures, ils ne sont toujours pas là. Surtout quand on connaît ma sœur.

    Mais à peine sa phrase terminée, les lumières de la salle s’éteignent pour ne laisser allumer que celle de l’entrée. La salle se plonge dans le silence alors qu’une jeune fille apparaît dans la lumière. C’est Julia. Elle porte un bandeau noir sur les yeux et ne semble pas très à l’aise de les avoir ainsi. Elle porte une belle robe rouge qui lui arrive au dessus des genoux et porte de magnifiques escarpins noirs. Elle porte des créoles en or blanc accompagné d’un raffiné bracelet à son poignet droit. Elle à l’air si petite et adorable que le sourire me revient instantanément aux lèvres alors que l’envie présente me crie d’aller la rejoindre. Mais je ne peux pas, alors je reste là, muet dans le silence comme les autres personnes alors que son père arrive également.

    - Papa, je t’ai déjà dis que je savais quelle était ma surprise. Andrew m’a pratiquement tout dit.

    - Ah, je suis curieux de savoir ce qu’il t’a dit alors.

    - Il m’a dit que tu avais prévu de fêter mon anniversaire avec tous mes amis.

    - Bon je vais devoir le punir alors.

    - Non le pauvre, il ne l’a pas fait exprès.

    - Bon je lui accorde mon pardon alors ? On est arrivé.

    - Ah bon ?

    - Oui tu peux enlever ton bandeau.

    Elle détache délicatement son bandeau et lorsque celui-ci glisse de ses yeux, les lumières se rallument et elle se retrouve devant plus de 300 personnes que doivent compter la salle. Elle semble totalement gênée et retoque à son père sur un air vexée.

    - Merci papa, grâce à toi je viens de me taper la honte devant tout le monde.

    Tout le monde éclate de rire alors qu’elle-même sourit de toutes ses dents. Enfin ce sourire que j’attendais tant. Je me déplace et me met derrière Mathieu pour ne pas briser son bonheur. Je ne sais pas pourquoi mais peut être que le simple fait de me voir, pourrait lui couper l’envie de sourire comme elle vient de le faire. Mathieu semble étonné de mon comportement mais ne dit rien alors que son frère nous quitte pour la rejoindre et que je m’enfonce de plus en plus dans la salle. Je ne comprends pas pourquoi je fuis, mais la peur me tenaille le cœur. Je suis terrifié de lui faire face lorsque Kelly agrippe mon bras en disant :

    - Ne fuis pas.

    - Kelly…

    - Kévin ne fuis pas, ai confiance en votre amour. Elle est plus terrifiée de se retrouver face à ton père que face à toi.

    - Tu ne me rassures pas du tout, là !

    - Je le sais mais bon je ne vais pas non plus te mentir.

    Je regarde du côté ou se trouve Julia, lorsque son regard se pose sur moi. Elle semble s’être figée et je commence vraiment à me demander si je n’ai pas fait une énorme erreur. Elle me sourit tristement et me salue de la tête. Je lui réponds de la même façon alors que je sens mon cœur battre à cent à l’heure. Je dois prendre un bol d’air, vite très vite même. Je laisse Kelly seule et me dirige vers la terrasse lui demandant de me laisser un petit peu seul.

    Je m’adosse à la rambarde alors que je respire à plein poumon l’air frais de cette belle nuit.

    - Tu es donc venu.

    J’ouvre grand les yeux et me retrouve face à Julia qui semble encore plus belle qu’avant. Elle me sourit timidement et je me détourne d’elle pour ne pas la prendre directement dans mes bras pour l’embrasser.

    - Oui. J’ai appris que mon père venait et je ne pouvais pas me résoudre à rester là sans rien faire.

    - …

    - Je sais que tu m’as menti Julia. Dis-je en me retournant vers elle. Je sais que les paroles que tu m’as disent, tu n’en pensais pas un traître mot. Je sais également que mon père t’a menacé. Je ne sais pas ce qu’il a pu te dire mais je me suis promis que je ne lui donnerai pas la chance de mettre cette menace à exécution. Pour cela j’ai fais en sorte de rester loin de toi, mais je dois t’avouer que ne pas pouvoir te soutenir, être auprès de toi et vraiment dur à supporter. J’ai vraiment besoin de t’avoir à mes côtés, Julia.

    Ma voix est claire et je sais qu’elle a entendu tout ce que je lui ai dis. Je sais également qu’elle est sur le point de pleurer, les larmes sont aux coins de ses yeux et menacent de tomber sur sa douce joue. Je m’approche d’elle alors qu’elle recule en me suppliant.

    - S’il te plait Kévin, n’en dis pas plus. Si tu comprends la situation, je t’en supplie tente de la supporter jusqu’à que je trouve une solution, mais je t’en supplie, ne me dis plus ce genre de chose sinon…

    - Sinon… ?

    - Je ne pourrai pas t’empêcher de m’enlacer, de m’aimer et si jamais je me laisse aller, ton père risque de faire du mal à mon père, à ma famille, et…et je ne veux pas. Je ne pourrais pas le supporter.

    Son visage est en larmes, et avant même de pouvoir me retenir je lui prends la main pour la coller tendrement contre le mur nous cachant de la salle alors que mes lèvres prennent possession des siennes. Ce contact m’avait tellement manqué. Sans m’en rendre compte ma main vient se glisser sur sa joue en larmes alors que je savoure ce baiser de tout mon être. Elle s’accroche à moi et je me retiens de la dévorer de baisers. Lorsque nos lèvres se séparent, on n’ose dire mot, profitant de ce contact qui nous manque tellement. Je doute que notre absence s’est faite remarqué, surtout par mon père, mais je ne peux me résoudre de la laisser partir de mes bras.

    - Je t’aime Julia, je resterai toujours auprès de toi, sois en convaincu ! Je ne le laisserai pas te faire du mal.

    - Kévin…

    Je l’embrasse de nouveau comme pour brûler à vif mes lèvres des siennes alors que mes bras viennent la plaquer contre mon corps. Je la désire tellement. Elle ne semble pas se débattre et prend même le contrôle du baiser. Une de ses mains vient se plaquer contre mon torse alors qu’une de mes mains remonte sa robe pour lui frôler tendrement la cuisse. Je deviens fou, j’ai tellement envie de lui faire l’amour. Je la veux entièrement alors que je sais que ça m’est interdit. Elle s’éloigne de mes lèvres et d’une voix tremblante, elle me murmure :

    - S’il te plait Kévin, arrête.

    J’enfoui ma tête contre son oreille et murmure.

    - Je sais…mais j’ai tellement envie de sentir ta peau contre la mienne, comme l’autrefois…J’aimerai tellement…Mais merde, qu’est ce qu’il s’est passé entre ton père et le mien ? Pourquoi diable devons nous être enchaînés à cette histoire ? C’est pourtant mon père qui a volé ta mère à ton père, merde.

    Elle pose délicatement sa main sur ma joue pour que je la regarde.

    - Kévin, cela n’a rien à voir avec toi, je t’assure. Le problème qu’il y a entre ton père et le mien, c’est mon existence même.

    Elle semble tellement souffrir de me dire ça.

    - Ton père m’a appris beaucoup de chose sur ma naissance, j’en ai toujours eu conscience, mais ce qu’il m’a dit m’a vraiment fait beaucoup souffrir, et s’il avait le malheur de révéler cela au monde entier. Mon père sera totalement détruit et ça je ne peux vraiment pas le lui faire subir. Je suis désolée de ne pas t’en dire plus mais comprends que je ne peux pas te le dire, surtout à toi, Kévin.

    - Julia ?

    On se retourne violemment et on se retrouve en face de son père. Julia ne sait plus quoi dire et est figée alors que moi je ne sais plus où me mettre. Il s’approche de nous et vient caresser la tête de sa fille en murmurant :

    - Faut croire que les filles Carlson sont toutes attirées par les Keller.

    - Monsieur…

    - T’inquiète pas Kévin, je n’étais pas sarcastique à l’instant.

    Il me sourit tendrement et rajoute à Julia.

    - Andrew m’avait dit que Keller t’avais parlé la dernière fois, je me demandais bien ce qu’il avait bien pu te dire pour te mettre dans un tel état. Mais même maintenant je me demande ce qu’il a bien pu te dire. Tu sais ma chérie, si tu veux me demander quoique ce soit sur Stéphanie, tu ne dois pas hésiter.

    Elle le regarde et se met alors à pleurer alors que son père vient la serrer tendrement contre lui.

    - Je me demande ce qu’a bien pu te raconter Keller.

    - En tout cas je ne lui pardonnerai jamais de lui avoir fait du mal !

    Il se retourne vers moi et me dit gentiment.

    - Ne sois pas si dur avec lui Kévin, il n’est pas si noir et moi si blanc dans cette affaire. Si j’étais honnête avec moi-même, ça serait moi le méchant de l’histoire.

    Julia relève la tête et semble le questionner du regard. Il soupire et nous invite à nous asseoir sur un banc. Il s’assoit également auprès de nous et murmure.

    - A la base, c’est moi qui ai volé Stéphanie à Keller.

    Il sourit tristement et poursuit en serrant ses mains l’une dans l’autre.

    - Stéphanie a toujours été attiré par Keller, c’était ce qu’on pouvait appeler l’amour au premier regard. Keller et elle, étaient éperdument amoureux l’un de l’autre, seulement Keller a dû se marier par convenance, à l’époque ce genre de chose était très courant. C’est ainsi qu’il s’est marié avec la mère de Kévin, mais à l’époque il continuait de voir en cachette Stéphanie. A cette époque, j’étais toujours le meilleur ami de Keller et le précieux confident de Stéphanie et bien entendu j’en étais totalement amoureux. Stéphanie souffrait de la situation et je la voyais de plus en plus triste, ce qui me rendait malade….Un jour, j’ai pourtant pris mon courage à deux mains et je lui ai dit de quitter Keller, que de toute façon, il en avait rien à faire d’elle car il n’avait même pas le courage de tout abandonner pour elle. Elle croyait fort en cet amour et pourtant quelques temps plus tard, je la trouvais sur le pas de ma porte en larmes en me disant qu’elle avait quitté Keller et que j’avais vu juste. Je l’ai donc hébergé chez moi et j’ai empêché Keller de la voir. Petit à petit, l’amitié qui nous liées lui et moi s’est brisée pour s’orienter pour de la haine. Il y a eu une période où Keller a totalement disparu de la vie de Stéphanie, et petit à petit, elle semblait s’attacher à moi et même à m’aimer. J’étais si heureux que je l’ai demandé en mariage et pendant quelques années on a vécu heureux ensemble. Ensuite, il y a eu la naissance de Thomas, une grossesse très compliquée avec peu de chance de survie, mais c’était une battante, comme toi, Julia. Puis ensuite, il y a eu une grosse période ou je l’ai délaissé, je me sentais si mal d’avoir risqué sa vie pour un enfant. C’est alors que Keller est réapparu dans nos vies, un soir alors qu’elle était à une soirée avec moi, ils se sont revus, je savais parfaitement que pour les deux, leur histoire n’était pas encore finie. J’ai ensuite accepté la réalité, je n’étais pas le grand amour de Stéphanie, j’étais juste l’épaule solide sur laquelle elle pouvait se reposer en cas de problème.

    Il s’arrête un moment pour regagner ses esprits alors que je peux voir dans le son de sa voix que ses souvenirs sont vraiment pénibles pour lui.

    - j’ai alors commencé à boire, oui, on peut même dire que j’étais devenu alcoolique. Stéphanie était partie vivre ailleurs en prenant Thomas avec elle. J’avais vraiment tout détruit dans ma vie et j’ai failli être détruit quand elle m’a envoyé les papiers de divorce. Keller lui avait demandé de le faire et que si elle le faisait, il n’hésiterait plus à quitter ta mère, Kévin. Il m’a fallut pas mal de temps pour les signer, je me sentais tellement seul et triste de ne voir mon fils qu’un week-end sur deux. D’ailleurs Thomas le vivait mal, alors pour lui, j’avais commencé à arrêter de boire, et j’étais finalement prêt à affronter la réalité du divorce, lorsqu’un soir en arrivant chez moi, je l’avais de nouveau retrouvé sur le pas de ma porte avec Thomas dans ses bras. Après avoir couché correctement Thomas, elle m’avait avoué que Keller refusait de divorcer de sa femme et que comme d’habitude, j’avais encore eu raison une deuxième fois, et elle s’était écroulée en pleurs. Je l’ai alors prise dans mes bras et tenter de la consoler avant de lui faire l’amour après tant de temps. On avait finalement repris notre vie comme avant et j’étais décidé à ne plus jamais la laisser s’éloigner de moi, ni elle, ni Thomas. Seulement…

    - Encore mon père ?

    Il se retourne vers moi et murmure :

    - ça serait alors plus facile de le dire…En fait…Julia…ce que je vais dire va être vraiment dur pour toi, mais saches que je ne regrette pas une seule fois ta venue au monde. Tu es ma précieuse petite fille et j’aimerai tellement que tu ne souffres plus pour des histoires du passé.

    Elle le regarde alors que je vois que son corps tremble comme une feuille alors qu’elle murmure :

    - Papa, je suis prête à l’entendre.

    Il acquiesce et en serrant fortement la main de sa fille, il continue.

    - Seulement…Stéphanie est tombée enceinte de toi, ma chérie. A cet époque je m’en voulais toujours autant d’avoir failli lui voler la vie pour Thomas, alors un deuxième enfant, non c’était impossible….alors je lui ai demandé d’avorter.

    Je vois les larmes de Julia se mettre à couler alors que son père se met également à pleurer.

    - Je suis désolé ma chérie, mais je ne voulais pas perdre Stéphanie, mais cela a eu l’effet inverse…Elle n’a pas accepté que je veuille tuer le fruit de notre sang et elle m’a quitté pour retourner auprès de Keller qui était sur le point de devenir de nouveau papa. Tous les jours, je priais pour que si elle gardait l’enfant, elle resterait en vie même si elle n’était pas auprès de moi. Quelques semaines avant ta naissance, elle est revenue me voir. Elle m’a demandé de prendre soin de toi si elle ne s’en sortait pas, qu’elle espérait que je t’aimerai autant que j’aimais ton frère. Je lui ai donc dit que je ne haïssais pas l’enfant qu’elle portait mais le fait qu’à cause de moi elle allait remettre de nouveau sa vie entre les mains de dieu. Elle avait alors décidé de rester auprès de moi pour les quelques semaines qui lui restait avant ta naissance. Puis il y a eu l’accouchement. Il s’est très mal passé, les médecins étaient même pas sur que vous alliez vous en sortir toutes les deux, alors j’avoue je me suis saoulé, pour tenter de supporter la perte peut être des deux êtres qui me tenait le plus à cœur. Et puis la sentence est tombée, ils n’avaient pu sauver que toi. Encore saoul, je suis allée te voir car je voulais pouvoir serrer dans mes bras enfin la fille pour qui Stéphanie avait donné sa vie. Seulement…

    - Je lui ai arraché des mains…

    On se retourne vivement vers cette voix pour faire face à mon père. Il est adossé au mur et semble être là depuis un petit moment.

    - Cela semble tellement innocent sortant de ta bouche, la vérité est que tu n’as pas pu t’empêcher de la foutre enceinte.

    Le père de Julia se lève alors que mon père s’approche de lui avant que Carlson lui agrippe sa cravate en lui hurlant droit dans les yeux.

    - Tu crois vraiment que je l’aurai foutu enceinte juste pour la garder à mes côtés. T’es con ou quoi ? Si c’était vraiment mon but j’aurai sauté de joie de la voir enceinte, lui faire un deuxième gamin alors que tu n’avais pas le droit de le faire. C’est toi qui en crevé le plus d’envie. La preuve tu m’as bien enlevé mes gamins pendant des mois par jalousie. Tu croyais quoi ? Tu croyais vraiment que je n’avais pas vu clair dans ton jeu, Keller ? Tu m’as toujours détesté pour la simple et bonne raison, qu’à un moment ou un autre, elle revenait vers moi, toi qui n’étais même pas foutu de quitter ta femme pour vivre auprès de celle que tu aimais. Elle demandait pas grand-chose Stéphanie, seulement que tu l’aimes de tout ton âme, mais tu n’avais pas le cran de tout quitter, ton statut, tu y tenais trop.

    - La ferme !! Tais-toi Carlson !

    - Ce qui te fait mal c’est qu’à la fin, elle a préféré vivre ses derniers instants avec l’homme qui l’avait toujours soutenu, qui l’aidait à panser les blessures morales que tu lui affligeais, qui était un père bienveillant et aimant et non avec celui qui n’avait fait que jouer avec elle toute sa vie.

    Il a peine le temps de finir sa phrase que le poing de mon père s’abat sur son visage. Ils se regardent mutuellement férocement et je ne sais vraiment pas quoi faire. Julia est pétrifiée alors que nous assistons impuissant au règlement de compte entre nos deux pères.

    - Je t’interdis de me dire ça, tu sais très bien que j’aurai pu mourir pour elle.

    La voix de mon père est faible et cassée. Il a du mal à respirer et si je pouvais voir ses yeux, je suis persuadé que je pourrais y voir des larmes.

    - Pourtant tu n’as rien fais…tu n’as pas refusé ce mariage, tu n’as pas divorcé pour elle. Si j’avais su qu’elle allait vivre heureuse à tes côtés, je ne l’aurai jamais enlevé à toi. Seulement tout ça, je le savais et tu le savais. C’est le poids des regrets qui semble te dévorer, et je me venge de ce que tu as bien pu dire à ma fille pour l’avoir fait souffrir. Keller cesse de vivre dans le passé, cesse de trouver des responsables pour les erreurs que tu as commises. Tu n’es pas responsable de sa mort, comme je ne le suis pas et comme Julia ne l’est pas également, le responsable de tout ça était la santé fragile de Stéphanie.

    Mon père reste muet face à cette tirade qui a eu l’effet d’une douche froide sur lui, il s’agenouille et se cache le visage pour éviter de se montrer en spectacle.

    - Je l’aimais, je l’aimais tellement…

    Le père de Julia s’agenouille face à lui en murmurant :

    - Je le sais depuis longtemps Keller…Mais il est temps que tu regardes la vérité en face…

    - J’aurai pu vivre heureux avec elle…on aurait pu être très heureux ensemble…mais j’ai tout gâché...

    - Keller…ne dis pas ça, Stéphanie était vraiment heureuse lorsqu’elle était à tes côtés, je le savais depuis toujours mais ce qu’elle voulait aussi c’est que tu ne lui appartiennes qu’à elle, mais ne doute pas un seul instant qu’elle n’était pas heureuse avec toi.

    - Pourquoi es-tu si aimable avec moi, Carlson. Je t’ai rendu la vie impossible depuis le début, serais-tu toujours optimiste ?

    Le père de Julia se met à rire de bon cœur alors que mon père le regarde étonné tout comme Julia et moi le regardons.

    - Je tâche seulement que nos enfants n’aient pas à payer les pots cassés de notre histoire commune. De plus, c’est de l’histoire ancienne pour moi, alors j’espère que tu seras assez fort pour en faire de même. Ton fils et amoureux de ma fille, et ma fille l’est tout autant de ton fils, c’est idiot de ta part de lui faire vivre la situation auquel tu as été toi-même confronté, tu ne trouves pas ?

    Il se relève en tendant sa main à mon père qui l’accepte après quelques hésitations. On est tous plongés dans le silence attendant une réaction de mon père qui ne vient pas.

    - Je sais que l’appuie d’Abbot est important pour sortir ton entreprise de la crise qu’elle traverse, mais ne trouves-tu pas cela immoral de vendre ton fils pour ça ? Je sais déjà que tu vas me sortir qu’il y a des milliers d’emplois en péril, mais dans ses conditions pourquoi ne pas laisser mon entreprise investir dans la tienne ? Je te l’ai déjà proposé il y a quelques années mais tu as décliné, pourtant je pense que cela serait un bon point pour nos deux entreprises. Si tu étais vraiment honnête et lucide, tu serais d’accord avec moi. En tout cas, je te demande d’y réfléchir de nouveau, car ma proposition tiens toujours.

    Ils se regardent droit dans les yeux et après un long moment mon père qui n’a pas décroché un mot depuis plus de cinq minutes, se détourne de nous pour se diriger vers la salle en murmurant :

    - J’y réfléchirai.

    Lorsqu’il se trouve assez loin, son père se tourne vers nous et murmure.

    - Espérons que cela aura l’effet voulu.

    Julia sans un mot vient se jeter dans les bras de son père ou elle éclate en sanglot alors que de mon côté, je ne semble pas avoir tout bien compris. Ce qu’il vient de proposer à mon père ne serait-ce pas un pacte liant nos deux familles, ainsi que moi et Julia ?

    - Papa ?

    - Hum ? Murmure-t-il tendrement alors que ses mains caressent tendrement la chevelure de sa fille.

    - Je t’aime toujours autant.

    Il sourit soulagé et en la serrant encore plus fortement, il lui murmure à son tour.

    - Moi aussi je t’aime, ma chérie.


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