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    Chapitre 3 :

    Depuis ce fameux jour, Lucas et moi, ne nous sommes pas adressés la parole. Il faut bien l’avouer la situation est plus qu’insupportable, mais comme je n’ai rien à me reprocher, je ne vois pas pourquoi je ferai le premier pas. Cependant il faut bien croire que mon coup de gueule a eu l’effet escompté. Désormais, je peux rentrer à l’appartement sans aucuns soucis, puisque c’est lui qui passe ses soirées dehors. Les journées au boulot sont encore plus qu’insupportable, on s’envoie uniquement des e-mails pour parler de nos projets en commun, ce qui fait que les derniers dossiers que nous avons traités ne sont pas exceptionnels. Mélanie, ma fameuse supérieure, d’ailleurs ne manque pas de me le faire remarquer et elle semble se délecter de l’ambiance électrique qu’il y a entre Lucas et moi. De mon côté, je me demande si j’ai bien fais de rester ici, peut être que j’aurai du suivre mes parents, j’aurai peut être moins l’impression d’être seule au monde…Le pire dans tout ça, c’est que cette situation m’a poussé à recommencer à fumer, ce qui est très mauvais signe. Fatiguée de travailler sur le dossier dont j’ai la charge, je quitte mon bureau avec mon paquet de cigarette. Sur le chemin je rencontre Lucas en train de discuter avec Mélanie, ils ne semblent pas m’avoir aperçus et limite j’en suis heureuse, car Lucas déteste les fumeurs, mais bon qu’importe je m’en moque maintenant. Arrivé dehors, j’allume ma cigarette et tire ma première latte, il y a rien à dire, fumer me relaxe, surtout avec tous mes problèmes. Je ferme les yeux alors que je me suis appuyé contre le mur de l’immeuble de l’entreprise. Je laisse la brise caressait mon visage lorsque j’entends mon portable sonner. D’un vif coup d’œil je remarque qu’il s’agit de Chris et le sourire me revient aux lèvres. Chris est comme une bouffée d’air pour moi, alors d’un seul coup de bonne humeur, je réponds avec le sourire aux lèvres.

    - Hé, Chris comment vas-tu ?

    Il rigole à l’autre bout du fil et me répond :

    - Hé bien dis donc quel entrain, la vie en colocation avec Lucas se passe si bien que ça ?

    Mon sourire s’éteint et je réponds d’une voix sombre :

    - Ouais tellement bien que je saute au plafond.

    - Qu’est ce qu’il se passe ? Demande-t-il alors d’une voix inquiète.

    Je soupire et avant de reporter la cigarette à mes lèvres, j’ajoute :

    - Cela va faire bientôt un mois que lui et moi, on ne se parle vraiment plus, même pas un bonjour ou autre.

    - A ce point ?

    - Oui…enfin bref, il y avait une raison à ton soudain appel, Mister ?

    - Euh…oui en effet, je voulais savoir si tu pouvais m’héberger pour trois ou quatre jours ?

    - Oui mais qu’est ce qu’il se passe ?

    - Eh bien, je suis sur le point de repeindre entièrement mon appartement, mais le peintre m’a informé que pour ma sécurité, il fallait mieux que j’évite de rester dans l’appartement pendant la durée des travaux, à cause des odeurs toxiques qui pourrait émaner de la peinture fraiche.

    Je l’informe alors que de mon côté, il n’y a aucun problème qu’il peut venir quand il veut avant de raccrocher. J’écrase ma cigarette et la jette dans la poubelle prévue à cet effet lorsque mon regard rencontre celui de Lucas. Prise en flagrant délit, mais qu’importe. Je remets mon téléphone dans la poche de ma veste et retourne à l’intérieur du bâtiment sans adresser un regard à celui ci. Arrivée à l’intérieur, je me retrouve face à Mélanie qui semble me chercher. Elle me demande de la suivre dans son bureau où elle lance le dernier dossier que je lui ai rendu en me disant froidement.

    - Je commence à en avoir assez que vous me rendez des dossiers bâclés, si jamais cela se reproduit je serai obligée d’en informer la direction.

    De quoi est ce qu’elle me parle ? Ok, les dossiers sont pas sensas puisque la situation entre Lucas et moi est vraiment mauvaise, mais de là à dire que je bâcle mon travail, c’est grave. Je prends le dossier en question et le feuillette. Mais c’est quoi ce délire, ce n’est pas celui que je lui ai rendue.

    - Ce n’est pas celui que je vous ai rendu, Madame. D’ailleurs, il n’a rien à voir avec le mien. Les idées ne sont pas les bonnes, la façon de procéder n’est pas la mienne. Vous devez faire erreur.

    - Quoi, vous insinuer que je me trompe ? Pourtant, quand je suis allée voir sur votre ordinateur il n’y avait aucun dossier concernant ce projet.

    - Mais de quoi vous vous permettez d’aller sur mon poste ? De plus, il y a un dossier le concernant, d’ailleurs je l’ai sur la clé USB que j’ai sur moi également !

    Mais bordel, qu’est ce qu’elle a contre moi, cette femme ? Que je sache elle devrait être contente que Lucas et moi on ne s’entend plus alors pourquoi elle s’acharne sur moi…Merde ! Je sors la clé USB et lui tend. Elle semble contrariée que je puisse lui montrer tort comme si elle avait déjà préparé le coup pour dire que je n’avais pas travaillé correctement. Mon regard est plus que noir, si je me retenais pas je risquerai de l’étriper…Il faudrait qu’elle fasse attention à elle, car en ce moment il ne faut pas me chercher car je ne suis mais alors vraiment pas de bonne humeur. Après avoir vérifié la clé USB, elle s’avoue vaincue et me demande de disposer après avoir imprimé le dossier original. Je reprends ma clé USB avec un sourire hypocrite avant de poser mes mains sur son bureau auquel elle est assise et de lui dire froidement.

    - Que vous ne pouvez pas me sentir est une chose…que Lucas vous plait, en est une également…mais sachez que je ne vous laisserez pas me rabaisser vis-à-vis de mon travail. Peut être que cela vous amuse de me harceler, mais sachez que je ne risque pas de rester sans rien faire comme une conne, me suis-je bien faite comprendre ?

    Son regard est terrifié et elle hoche de la tête sans broncher. Il faut mieux pour elle. Si elle veut Lucas qu’elle se le fasse, mais qu’elle me laisse en paix. Sans un mot, je me retourne et remarque que la porte n’était pas fermée et qu’en plus de ça, il y a Lucas qui me regarde choqué. Je rigole nerveusement et me retourne vers la supérieure. Ah voila pourquoi elle ne disait rien ? Elle m’a attribué le rôle de la méchante mais qu’importe, j’en ai rien à cirer. Encore une fois, je passe à côté de lui sans rien dire alors que j’entends derrière Mélanie se plaindre à Lucas.

    - Vous voyez à quel point, elle est froide et me juge responsable de ses fautes.

    Je serre fortement mes poings et me retiens vraiment d’aller le lui mettre dans la figure. Arrivée à mon bureau, je claque la porte fortement et m’effondre contre elle. Je suis vraiment fatiguée d’être ici et j’ai vraiment hâte d’être à ce soir pour retrouver Chris. Jusqu’à dix huit heures, je ne quitte pas mon bureau et travaille d’arrache pied sur un dossier. Aujourd’hui je ne ferai aucune heure supplémentaire. Je prends mes affaires et quitte rapidement le bureau pour rejoindre Chris au café d’en face.

    - Tu fais une tête qui fait peur, Eugénie.

    Je rigole à sa remarque et je viens m’installer à côté de lui après lui avoir fait la bise. Je lui demande alors les questions d’usage et après un bon café, on se dirige calmement vers l’appartement vide. Lucas doit sans doute être au bureau où est déjà parti chercher une fille pour la soirée. Alors que Chris est dans la salle de bain pour prendre une douche, j’aperçois Lucas dans l’entrée. Sans un mot, il se dirige vers sa chambre et me dit.

    - Désolé, je ne serai pas long.

    Qu’est ce qu’il dit ? Je le vois faire un vif coup d’œil vers la salle de bain et je comprends enfin ce qu’il voulait dire. J’éclate alors de rire devant lui choqué et lui répond.

    - Tu peux prendre tout le temps que tu veux, c’est juste Chris. J’ai accepté de l’héberger dans ma chambre pour quelques jours, j’espère que ça ne te pose pas de problème.

    Il se sent alors gêné et je dois bien avouer que j’ai du mal à me retenir de penser qu’il est mignon. Il ne sait vraiment plus quoi dire alors que je le regarde comme si j’attendais une réponse de sa part.

    - Non, ça ne me gêne pas, tu peux inviter qui tu veux après tout…

    - Hé, salut Lucas ! Lance Chris alors qu’il sort de la douche vêtu uniquement d’un bas de pyjama. Il faut bien avouer que Chris est un garçon vraiment sexy, il a des muscles bien dessinés et une peau de pèche ce qui fais énormément ressortir la couleur de ses yeux bleus gris. Si jamais il avait le malheur de sortir comme ça dans la rue, je pense que beaucoup de filles tomberaient dans les pommes, juste pour qu’il vienne les sauver. Pour ma part, je connais Chris depuis que je suis toute petite, il est un peu mon Thomas à moi, mais dans le sens contraire. Il vient amicalement serré la main à Lucas et ils commencent à parler. J’en profite pour m’éclipser à mon tour pour prendre rapidement une douche. Lorsque je reviens vêtue de ma nuisette, je les retrouve derrière le comptoir de la cuisine américaine en train de préparer le diner et je retrouve le sourire.

    - Je rêve ou quoi, des garçons dans la cuisine, et en plus pour préparer le diner ?

    Ils se retournent vers moi et Chris rajoute.

    - Eh oui je te dois au moins ça.

    - J’espère que c’est mon plat préféré alors ?

    - Qu’est ce que tu crois, je sais bien que tu kiffes mes pâtes à la Carbonara, baby.

    Je rigole à sa remarque et il se tourne enfin vers Lucas et lui demande s’il reste pour diner avec nous. Il accepte volontiers la proposition et d’un côté même si on ne s’est toujours pas réconcilié, je suis heureuse de savoir qu’il va rester avec nous. Je m’éclipse de la cuisine pour m’installer face à la télévision. Ses dernières semaines m’ont vraiment exténuée, je commence déjà à avoir du mal à garder les yeux ouverts mais je me sens tellement sécurisée de savoir Chris dans le coin que limite, les dernières semaines passées semblent tellement loin. Inconsciemment, je ferme les yeux et semble partir petit à petit pour le monde des songes lorsque je sens sa main se poser délicatement sur mon bras tandis qu’il murmure tendrement mon prénom. J’ouvre difficilement les yeux et me retrouve face à Lucas qui me sourit timidement.

    - Le repas est prêt donc si tu veux manger…

    - Ok, j’arrive.

    Il me tend sa main pour m’aider à me lever et il m’attire vers lui pour me murmurer à l’oreille.

    - Je suis vraiment désolé pour ce qui s’est passé…je n’étais pas dans mon état normal.

    Je le regarde sans vraiment comprendre mais je souris quand même et avec une douce tape sur l’épaule, j’ajoute.

    - T’inquiète, je te pardonne.

    Finalement c’est tout con mais je me sens heureuse de ses excuses et lorsqu’il me sourit enfin normalement, je me sens tout simplement heureuse…Encore une fois, il semblerait que la présence de mon ange gardien a réussi à me rendre le sourire.  


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