• THE FIRST LOVE OF AIKA SATÔ

    Chapitre 3


    Aujourd’hui, est le jour de la rentrée des vacances d’été et je dois bien avouer que je stresse énormément.  Arrivée dans une école en cours d’année n’a jamais été une partie de plaisir et je m’en passerai bien. D’un geste vif, j’attrape mon uniforme qui se trouve pendu à mon armoire et je l’enfile rapidement. Je me regarde alors de nouveau dans la glace. Mon uniforme est composé d’un chemisier à manche courte de couleur blanche assorti avec une cravate de couleur bordeaux avec le blason du lycée. La jupe de taille réglementaire est également de la même couleur, mais unie que je porte avec des collants fins et des ballerines de couleur noire que Yasushi m’a offert lorsque j’ai réussi le concours d’admission. Me voici donc en petite fille riche modèle et je ne peux m’empêcher de sourire ironiquement. Je prends donc mon sac et en attrapant mon bento que j’ai pris soin de préparer, je sors de l’appartement. Yasushi n’est pas pour le moment à la maison, il a du partir une semaine à Paris pour un défilé de mode et je me retrouve seule à affronter cette épreuve. Enfin pas totalement seule car en sortant de l’appartement, je retrouve mon garde du corps qui se trouve être Ryuku. Depuis ce fameux jour, lorsque son emploi du temps le permet, nous passons du temps ensemble, ainsi nous nous sommes découverts plein de points communs et je suis heureuse de savoir que je serais dans le même bahut que lui.

    - Tu ne stresse pas trop ? Me demande-t-il alors qu’on est sorti du bâtiment et qu’on se dirige vers le bus que nous devons prendre. Encore aujourd’hui il me surprend, il ressemble plus du tout au garçon que je vois tous les jours, il porte son uniforme réglementaire et ses cheveux qui sont normalement coiffés magnifiquement bien, ne le sont pas et il porte également des lunettes.

    Voyant que je m’intéresse plus à son apparence inhabituelle qu’à mon stress qui n’a plus lieu d’être. Il sourit amicalement et murmure.

    - Eh oui le naturel Ryuku Takashima ressemble à ça ! Déçue ?

    Je me mets à rire de bon cœur lorsqu’il me lance son regard ténébreux et lui répond d’une voix enjouée.

    - N’importe quoi, mais avoue que pour l’instant tu ne m’avais jamais montré ce côté de ton physique et limite je m’en veux de ne pas avoir mon appareil sur moi.

    - Et encore tu n’as rien vu ! Rajoute-t-il en me faisant un clin d’œil sexy.

    Il n’y a rien à dire, ce jeune homme est vraiment excellent mais je dois bien avouer qu’avec lui, je ne m’ennuie pas du tout. Malgré l’apparence négligée qu’il aborde aujourd’hui, il faut bien avouer qu’il est terriblement charismatique. Ses cheveux bruns clairs presque roux lui tombent sur le visage ce qui le rend très mignon tandis que ses lunettes d’un grand créateur lui donnent le physique d’un premier de la classe, très populaire et très classe.

    Lorsque l’on monte dans le bus, tous les regards se pose à la fois sur moi et Ruyku, qui me prend délicatement le poignet pour que je puisse le suivre. Tous les regards des lycéennes se posent sur moi et je réalise enfin que Ryuku est avant tout le mannequin populaire du moment. Mince j’aurai du y penser plus tôt. Je sens que finalement, je vais avoir de bonne raison de stresser si les journées se passent comme je l’imagine et qu’on voit dans les divers dramas du genre.

    - Dis-moi Ryuku-kun ! Enfin je veux dire Takashima-san...

    Je dois faire attention à ma façon de m’adresser à lui, moi. Du coin de l’œil je peux voir le regard noir de certaines lycéennes, c’est sûr que Ryuku ne doit pas souvent se faire appeler uniquement par son prénom. Il semble étonné que j’utilise son nom de famille plutôt que son prénom mais semble d’un seul coup également réalisé la situation.

    - Oui ? Satô-san ?

    Je m’approche de son oreille et lui murmure pour que personne ne puisse entendre.

    - Je sais bien que pour toi, les relations amoureuses sont un jeu, mais permet moi de te demander, même au lycée tu te comportes de cette façon avec les filles ?

    Il semble rougir à ma question et je peux voir qu’il est très gêné par ma question mais bon je dois avouer que j’aimerais savoir à quoi m’attendre dès le début.

    - Je ne te juge pas, je t’assure, mais j’aimerais savoir comment je dois prendre les différents regards que je vois sur leurs visages, tu comprends ?

    Il se retourne face à moi et j’aperçois de nouveau une facette que je ne connaissais pas, il est vraiment rouge de honte que j’en reste bouche bée.

    - C’est trop gênant, surtout que je ne veux pas que tu croies que je suis un véritable salaud quoi…

    - Tu couches donc avec toutes celles qui te le demandent ?

    Il baise le visage de honte et limite, je m’en veux de lui poser ce genre de question…Mais autant en avoir le cœur net.  Je m’éloigne de lui et lui donne une petite tape sur le dos en lui disant.

    - Ok, maintenant je comprends, et n’ai pas honte, t’es sans doute pas le seul du bahut.

    Il ne relève cependant pas la tête, et tout le monde dans le bus semble se demander ce qu’il se passe. De mon côté, je me sens d’un seul coup très mal à l’aise face à une réaction aussi extrême  de ce garçon que je pensais si désinvolte.

    - Hé ! Takashima-san, je t’assure, te sens pas gêné, tu es jeune…donc tu as parfaitement le droit de profiter de ta puberté, tu sais ? Ce que je veux dire, c’est que si elles ont conscience qu’elles ne sont que tes « sex-friends », je ne vois vraiment pas où est le mal…alors désolé si ma question t’as choqué, je t’assure que ce n’était pas mon intention.

    J’ai parlé le plus doucement possible pour que personne n’entende, après quelques secondes il relève enfin la tête et sans me regarder murmure.

    - Tu n’as pas à t’excuser, c’est juste que ça me plait pas que tu es une mauvaise image de moi, c’est tout.

    Ah il est trop mignon, il se comporte comme ça avec toutes les filles où quoi ? Je pose ma main gentiment sur son épaule, le forçant ainsi à me faire face alors que mes yeux ne quittent pas les siens.

    - Hé, je t’assure que cela n’enlève rien au fait que je t’apprécie donc commence pas à croire que je te prends pour un beau salop, tu as sans doute tes raisons et puis je suis loin d’avoir le droit de juger quelqu’un, d’accord ?

    Il semble étonné de ma tirade et finit même par sourire timidement en marmonnant :

    - T’es vraiment une fille bizarre, j’en connais pas deux comme toi.

    Je souris également et lui retourne le compliment. Notre arrêt arrive enfin et on descend ensemble de nouveau. Alors que je suis sur le point de descendre la dernière marche, je sens des bras me pousser hors du bus.  Alors que je suis sur le point de tomber, je sens les deux bras de Ryuku m’attirer contre lui et il me murmure.

    - Un peu plus et tu t’écroulais par terre, tu vas bien ?

    Je m’éloigne de lui et avec un sourire je lui réponds que tout va bien avant de me retourner et faire face aux filles qui sont sans doute responsable de mon déséquilibre. C’est alors que j’aperçois la même fille qui se trouvait un mois auparavant sur le pas de la porte de Ryuku qui me fixe de son regard noir. Punaise, c’est bien ma veine de tomber sur l’ex sex-friend de mon nouvel ami. Je pense qu’il va falloir, malgré que je n’en aie vraiment pas envie, que je garde une certaine distance avec Ryuku pour ma propre sécurité. Je souffle malgré moi et me retourne vers Ryuku pour lui demander s’il peut m’indiquer où se trouve le bureau du principal. Je le quitte alors et me dirige vers l’endroit qu’il m’a indiqué lorsque j’entends une voix familière appeler mon nom. Je me retourne et découvre avec plaisir qu’il s’agit de Nobuo-kun, un des kouheis de mon frère que j’ai rencontré dès qu’il a commencé le mannequinat mais qui à cause d’une bagarre qui a mal tournée, s’est retrouvé avec une cicatrice au coin de l’arcade, ce qui a mis fin à sa carrière malheureusement. Cependant, cet échec ne semble pas trop l’avoir déprimé si j’en juge le visage souriant qu’il me lance. Je le salue également et j’apprends qu’il n’est pas étranger à la décision qu’a prise mon frère de me faire rentrer dans ce lycée.

    - Il voulait que tu ais un visage familier à ce qu’il m’a dit, seulement je ne serai là que cette année puisque je suis en dernière année.

    - Je vais donc devoir t’appeler Shinjo-sempai ?

    Il sourit de toutes ses dents et en passant ses bras autour de mon cou avec un visage assez séduisant comme il a apprit à le faire, il m’offre un sourire mystérieux et ajoute.

    - Tu sais baby entre toi et moi, ça a toujours été une grande histoire d’amour donc si tu veux bien j’aimerai que tu m’appelle Nobuo tout court car après tout, on est totalement fou l’un de l’autre.

    J’explose de rire devant les regards choqués des autres élèves et prend part au petit jeu de mon sempai.

    - Très bien mon Nobuo d’amour, je suis si heureuse que la distance qu’il y avait entre nous ait disparu. Si tu savais comme tu m’as manqué.

    - Toi aussi mon ange, ajoute-t-il en me serrant fortement dans ses bras alors que je suis hilare tout comme lui.

    Il s’écarte alors de moi en reprenant le visage sérieux d’un véritable sempai et ajoute que malgré le bonheur qu’il ressent, c’est de son devoir de m’accompagner jusqu’au bureau du proviseur. J’accepte avec plaisir sa proposition et on se dirige vers notre destination en nous posant les questions habituelles. Nobuo connait beaucoup de notre histoire puisqu’il fut sous l’aile de mon frère dès ses débuts,  il mangeait souvent chez nous et il y dormait également, c’était comme un second frère pour moi.

    - Sinon tu vas mieux, toi ? Ajoute-t-il après un court silence.

    Je souris à sa question car je sais parfaitement où il veut en venir. Il fait référence aux deux conneries consécutives que j’ai faites lorsque je n’allais vraiment pas bien.

    - Oui, je vais bien ! J’ai arrêté toutes les conneries. Maintenant je réalise que j’ai été idiote, mais je dois avouer que si je n’avais pas rencontré ce jour là, Atsuo Nakazaki, je ne suis pas vraiment sure que j’aurai changé.

    Il sourit également à l’énonciation de notre photographe adoré. Suite à sa cicatrice, il était clair qu’il n’avait plus sa place sur un magazine ou dans un défilé alors qu’il venait juste de commencer sa carrière mais Atsuo Nakazaki, notre en quelque sorte sauveur, a insisté pour qu’il fasse le shooting pour lequel il était à la base le mannequin avec mon frère, et malgré le désaccord de pratiquement toute l’équipe, il a permis à Nobuo de reprendre confiance en lui tout comme ce même jour, il m’a donné une raison de continuer de vivre en changeant ma façon de voir le monde. Je ne pense pas que, Nobuo et moi-même, oublierons un jour, ce qu’il nous a offert alors qu’on se sentait totalement vulnérable.

    Alors que nous sommes enfin arrivés devant la porte du bureau du directeur, il me dit :

    - Si jamais tu n’as personne avec qui manger la miss, ce que je doute vue que tu es devenue une ravissante jeune fille, n’hésites pas à venir dans ma classe, c’est dans le bâtiment des troisièmes années, classe A, d’accord ?

    Je le remercie encore et alors que je le vois disparaitre derrière au coin du couloir, je prends mon courage à deux mains et frappe à la porte. On me prit d’entrer et je me retrouve face à un assez jeune homme qui doit avoir dans la trentaine, je présume. Il sourit à mon étonnement mais qu’il ne semble pas le surprendre non plus. Il faut dire que je m’attendais plus à un homme ayant la quarantaine que la trentaine. Il me prit de m’assoir et me félicite pour les résultats que j’ai obtenu. Il faut dire que pour ne pas gaspiller l’argent que Yasushi a eu la gentillesse de m’être dans mon éducation, j’ai tout fait en sorte de ne jamais le décevoir, ce qui fait que généralement, j’ai pratiquement quatre-vingt-quatre-vingt dix sur cent à chaque examen. Il semble cependant que j’ai des difficultés en japonais ancien. Il m’informe que je vais me retrouver en seconde année, classe A, ce qui correspond dans une école de riche, à la classe où sont réunis les génies de l’établissement si j’en conclu après avoir entendu son baratin. Cela  signifie également que Nobuo doit être dans le même cas que moi. Après avoir récupéré mon emploi du temps ainsi qu’avoir entendu les certaines règles indispensables à savoir, il se lève et nous nous dirigeons vers ma classe. Lorsque nous arrivons face à la porte ou se trouve derrière ma nouvelle classe, le stress prend de nouveau possession de mon corps alors que j’attends sans vraiment d’impatience que le principal me demande d’entrer. D’un coin de l’œil, je vois sur mon emploi du temps qu’il s’agit du cours de japonais ancien et je commence déjà à me demander si je ne risque pas d’être totalement perdue dans cette matière. Il me prit d’entrer et j’avance jusqu’à la petite estrade en saluant ma nouvelle enseignante. Le principal sort et la prof me demande alors de me présenter à la classe tandis qu’elle note au coin du tableau mon nom et prénom.

    - Bonjour tout le monde, je m’appelle Aika Satô et je suis enchantée de faire votre connaissance.

    Je me penche alors pour les saluer et lorsque je me relève, mon regard rencontre celui de Ryuku qui se met à rire discrètement en me faisant un clin d’œil. Je dois avouer que je suis bien surprise de savoir que je suis dans la même classe que lui. D’un vif coup d’œil, je regarde les visages des autres élèves qui composent ma nouvelle classe, et je dois bien avouer qu’à part Ryuku, tous ont des têtes d’intellos limite un peu Otaku mais bon je verrai bien comment cela se passera.

    - Il reste une place libre derrière Takashima-san, donc je te laisse t’y installer. De plus as-tu eu l’occasion de te procurer les manuels nécessaires ?

    Je lui réponds que je les ai achetés et elle me laisse me diriger vers ma place tandis qu’elle reprend son cours. Sans un mot, je m’installe à mon bureau et à peine deux minutes plus tard, je vois la main de Ryuku déposait un morceau de papier sur ma table ou sont déposés les mots suivants : « Bienvenue voisine ^_~ ! Ca te dit qu’on mange ensemble à midi ? » Je souris et je décide d’attendre la pause pour répondre à sa question. Dès que la sonnerie se met à résonner et que la prof a quitté la salle, il se retourne vers moi et avec un visage faussement vexé me dit :

    - T’as vraiment cru que j’étais un cancre ou quoi ?

    Je me mets à rire et lui retoque qu’il n’a pas vraiment la tête de l’emploi, ce qu’il lance également à mon égard.

    - Au fait alors à midi, on mange ensemble ?

    - Tu n’as pas une fille à aller voir, plutôt ? Dis-je en lui tirant comiquement la langue, ce qui le fait rire et avec un regard perçant, il me répond :

    - Qui ne te dit pas que c’est toi la fille que je dois aller voir ?

    Je le regarde perplexe et il explose de rire lorsque je lui adresse :

    - Si t’essayes de me draguer, je dois t’avouer que tu t’y prends comme un pied.

    - Oki, oki, c’est bon…J’ai compris ! Dit-il sur un ton détaché.

    - Mais d’accord pour ce midi, puisque je n’ai pas vraiment envie de déranger Nobuo-kun, dis je simplement alors qu’il me regarde intrigué par l’énonciation de Nobuo.

    - Nobuo Shinjo, un ancien kouhei et ami de mon frère. Il est en dernière année donc à mon avis même pendant les pauses, il doit travailler dur pour les examens d’entrée qu’il va passer en décembre-février.

    - Ah oui ! Celui qui a une cicatrice ?

    J’acquiesce et alors qu’on est tombé dans le silence, il me demande.

    - Tu es assez proche de lui ?

    Sans être vraiment étonné par cette question, je souris tristement et murmure.

    - Assez, depuis qu’il a commencé dans le métier, j’ai eu l’habitude de le côtoyer…donc on peut dire qu’on se connait plutôt bien l’un et l’autre, enfin plutôt nos tristes secrets, quoi…

    - Je comprends, murmure-t-il simplement avant de se retourner à son bureau alors que notre professeur de mathématiques rentre dans la salle signalant la reprise des cours.

     

    Depuis ce jour, deux mois ont passés, et les journées suivent leur cour, plus ou moins. Lorsque Ryuku, n’est pas en cours, mes journées au lycée peuvent devenir totalement infernales, entre les regards méprisants des filles et voir les sals coups des autres, je tente de survivre. Je pense que je n’arriverai jamais à m’habituer à l’Ijime, ou même à comprendre à quoi ça sert. Même si j’entends que c’est souvent un moyen pour ceux qui le pratique d’évacuer le différent stress qu’ils accumulent avec le fait qu’ils doivent toujours être les meilleurs dans tous les domaines, pour ma part je trouve qu’il s’agit simplement de pure jalousie d’enfants gâtés. Alors que je viens de me recevoir pour la énième fois un seau d’eau fraiche sur le visage, qui comme par hasard a été versé par une fille, qui comme d’habitude n’a pas fait attention en bas,  je me dirige vers ma salle alors que mon chemisier est totalement transparent désormais. Pour ma veine, heureusement que j’ai toujours tendance à porter un débardeur en dessous ce qui fait qu’on ne voit pas du tout mes sous-vêtements.  Lorsque j’ouvre la porte de la salle je me retrouve face à Ryuku qui semble étonné de me voir ainsi.

    - Faut croire que je n’ai pas de veine aujourd’hui, je me suis pris un seau d’eau sur la tête, dis-je sur le ton comique. Je ne risque pas de lui dire que depuis le début, j’ai la joyeuse chance t’attirer la jalousie de ses fanatiques. Il me fixe perplexe cherchant en moi une réaction qui pourrait lui indiquer que je lui mens mais sans un mot, je retire mon chemisier devant les autres membres de la classe, habitué désormais de me voir ainsi et j’attrape mon chemisier de rechange.

    - C’n’est pas la première fois, c’est ça ?

    Je me retourne et fait face au regard à la fois furieux et inquiet de Ryuku. Je m’approche de lui et je tapote son épaule en disant.

    - Ouais, je suis une grande maladroite, que veux-tu ?

    Il saisit alors mon poignet et me force à le regarder droit dans les yeux en disant.

    - Tu me prends pour un idiot, elles te persécutent, c’est ça ?

    Sa voix est tremblante comme son corps alors que je peux voir dans son regard la culpabilité qu’il ressent. Non je ne veux pas que lui non plus, il se sente coupable ou obligé de me protéger. Je me détache alors de son emprise et en le regardant droit dans les yeux, j’ajoute :

    - Si tu crois qu’elles me persécutent à cause de toi, tu as tort ! Elles ont juste découvertes que j’étais la petite sœur de Yasushi, c’est tout. Tu n’as pas de soucis à te faire, depuis petite, je suis habituée à ça.

    Ce qui n’est pas un mensonge en soi, mon frère a toujours été le mannequin le plus adulé, donc il m’est arrivé plus d’une fois ce genre de situation. Au début, on souffre en silence, on a l’impression que c’est nous qu’avons tort d’être proche de la personne, mais si on ne se résonne pas rapidement cela peut devenir vraiment un enfer. Dans le cas présent, je n’aie vraiment rien à me reprocher, je suis seulement amie avec lui alors si cela gêne j’y peux rien, cela ne va pas m’empêcher de rester à ses côtés. Je finis de me rhabiller correctement alors qu’il reste muet comme une carpe devant moi avant de partir en courant après avoir murmurer d’une voix tellement faible et saccadée:

    - Je ne comprendrai jamais ça.

    Sans réfléchir, je cours à sa poursuite après un petit moment de réaction et après une courte recherche je le retrouve assis à notre coin habituel. En m’approchant de lui, je découvre qu’il tremble comme une feuille alors que je suis enfin à quelques centimètres de lui. Il remarque enfin ma présence et me lance.

    - J’aurai dû le savoir, mais pourquoi ne l’as-tu pas dis ?

    - Mais de quoi tu parles ? Je t’ai dis que c’est parce qu’elles ont découverts pour mon frère, idiot !

    - Tu mens, je sais que tu mens, je ne sais pas pourquoi mais je le sais.

    Sa voix est dure et tranchante que je n’arrive pas à l’en dissuader. Je finis par m’asseoir à ses côtés alors qu’il semble perdu dans ses pensées.

    - Tu sais, tu n’es pas la première personne, qui par ma faute, s’est retrouvée persécutée par les autres. Mais moi à l’époque, je me doutais pas que cela pouvait exister, je pensais toujours que ça n’était que dans les livres ou les dramas mais jamais dans la vraie vie. Comment aurai-je pu imaginer que cela lui arrive à elle ?

    Les tremblements se font plus intenses alors que je commence vraiment à paniquer, il m’inquiète vraiment. Sa voix est plus que brisée, elle est telle un murmure presque inaudible, que sans réfléchir, je le prends dans mes bras et l’enserre fortement contre moi. Je ne peux pas l’expliquer, j’ai la terrible impression qu’il est parti dans ses souvenirs, des souvenirs qui comme les miens, il ferait mieux d’oublier mais qui pourtant sans raison apparente reviennent nous hanter tels des fantômes. Il ne se défend même pas et vient même passer son bras musclé autour de mon corps si frêle alors que je peux sentir sur mon cou, les larmes qu’il n’a pas pu retenir. Je ne sais vraiment pas quoi faire face à sa détresse, mais comment pourrais-je l’aider ?

    - Tu n’es pas responsable malgré ce que tu penses, je ne connais pas tes blessures, ni ton passé, ni la personne dont tu parles. La seule chose que je sais, c’est que tu n’es pas le responsable. Tu vois, je connais l’Ijime, j’ai pris l’habitude d’être la victime…Au début, j’ai toujours pensé que c’était de ma faute, qu’elles avaient raison, que je n’avais aucun droit d’être à ses côtés. Je vivais mal la situation car malgré tout ça je n’arrivais pas à partir car il ne le voulait pas. Un jour, j’ai eu la chance de rencontrer une personne qui m’a redonné confiance en moi-même et qui m’a montré que j’avais tous mes droits d’être à ses côtés, que la jalousie pouvait faire devenir le plus gentil des humains en l’être le plus mauvais qui soit mais que je ne devais en aucun cas me sentir coupable d’être proche d’une personne. Depuis, malgré tout ce qu’on me fait subir, je ne dis rien car quoiqu’elles fassent ou disent, je sais que je n’ai pas à avoir honte d’être aux côtés de mon frère ou même d’être ton amie.

    Je ne sais pas ce qu’il a bien pu penser de cette tirade qui nous a plongés dans un silence total alors qu’on entend la sonnerie des reprises des cours sans que cela ne nous fasse réagir. Après un petit moment, il relève enfin son visage et nous nous retrouvons face à face, son expression s’est calmée tout comme ses tremblements, il ancre enfin ses yeux dans les miens, le regard franc, et me murmure.

    - Promets-moi que tu ne garderas plus jamais ça uniquement pour toi, promets-moi que tu me le diras ? Quoi qu’il arrive ? Je veux au moins pouvoir te protéger, s’il te plait.

    Je souris malgré moi et alors que je suis sur le point de lui dire, que je suis assez grande pour me protéger face à des méchantes filles, il ajoute qu’il est vraiment sérieux. Son expression est désormais plus que troublante que mon cœur se met d’un seul coup à battre plus rapidement, alors qu’il caresse tendrement mon visage, nos lèvres se trouvent dangereusement proches. Voyant sans doute mon trouble, il s’éloigne de moi  et se lève en me tendant la main que j’accepte.

    - Bon autant qu’on sèche cet après midi, non ?

    Son visage s’est d’un seul coup décontracté et il m’offre enfin un sourire.

    - Pourquoi pas, mais on va avoir du mal à sortir du bahut alors !

    Il me fait un regard mystérieux et sans un mot, il m’entraine avec lui en me tenant par la main. Malgré le fait qu’on est faillit se faire avoir trois ou quatre fois, on arrive enfin à la clôture du lycée et il m’aide gentiment à monter avant qu’il fasse la même chose. Je lui propose d’aller dans un karaoké, ce qu’il accepte avec plaisir et on passe la totalité de notre après midi à chanter comme des fous, ce qui m’a fait le plus grand bien.

    Seulement la réalité fait son grand retour lorsque je retourne à l’appartement et y découvre mon sac sur le canapé.

    - Tu étais passée où ?

    Yasushi qui est assit sur le fauteuil ne me quitte pas des yeux. Son regard est noir. Il faut bien l’avouer que c’est la première fois de ma vie que je sèche les cours sans avoir une raison valable.

    - Tu te rends compte que j’étais mort d’inquiétude, lorsque ton principal m’a appelé pour me dire que tu n’étais pas en cours. Impossible en plus de te joindre, tu t’imagines ce que j’ai pu penser ?

    - Je suis désolée, Onii-chan…

    - En plus de ça, tu étais avec un garçon, non ?

    - Mais non, ce n’est pas…

    - Écoutes Aika, tu es libre d’avoir un petit ami c’est de ton âge mais je ne peux pas accepter que tu sèches les cours pour aller flirter ! Je pense que je suis assez laxiste en général, mais j’aimerai que tu restes concentrer sur tes études lorsque tu es en cours.

    J’hallucine, il croit vraiment que je suis allée flirter avec un garçon ? Je souffle exaspérée et sans pouvoir me retenir je lui lance.

    - Tu crois sincèrement que j’ai séché pour aller flirter avec un garçon ? N’importe quoi, en plus Ryuku est loin d’être mon petit ami alors…

    - C’était Ryuku ?…Tu sais qu’il…

    - Que c’est le Donjuan du lycée ? Merci bien Onii-chan d’amour mais je l’avais remarqué ! Mais avant d’être un Donjuan, il s’agit également d’un ami, qui aujourd’hui ne sentait pas bien…je l’ai donc accompagné pour qu’il puisse changer d’air ! D’accord, ce n’est pas une raison pour sécher mais je suis persuadée que dans ce cas, tu aurais fais la même chose. Par contre ne m’insulte pas en me disant que je sèche les cours pour aller flirter, c’est clair ?

    Je regrette déjà d’avoir prononcé ses derniers mots, pourquoi est ce que depuis qu’on est à Tokyo, mes relations avec Yasushi sont devenues aussi compliquées. Cela fait deux semaines que nous ne nous  sommes pas vus qu’on commence déjà à nous disputer.

    - Désolée Yasu-nii, je n’ai pas le droit de te parler de cette façon.

    - Non, c’est moi qui aurais dû écouter tes explications au lieu de te faire la morale.

    Il se lève alors du fauteuil et en me tapotant gentiment la tête, il me demande si je vais bien ainsi que les questions habituelles auxquelles je réponds, soulagée que le malentendu soit dissipé.

     

    Le lendemain, sans que vraiment cela me surprenne les regards dans le bus de l’allée sont vraiment insupportable qu’il faudrait être myope pour ne pas les voir ni les sentir.

    - Aujourd’hui, je ne te quitte pas des yeux, me murmure Ryuku au creux de l’oreille.

    Je dois bien avouer qu’aujourd’hui je n’ai pas spécialement envie de le rassurer sur l’ijime dont je pourrais être victime pour la bonne et simple raison que je n’ai jamais eu un aussi mauvais pressentiment. Je ne saurais pas vraiment comment l’expliquer mais au fond de moi, je sens qu’il va m’arriver quelque chose et c’est avec cette sensation que je passe la grande partie de la journée dans la classe sans quitter un seul instant Ryuku. Seulement à la pause déjeuner, n’en pouvant plus, je me lève pour me diriger vers les toilettes. Aucune fille ne semble tenter quelque chose et j’arrive un peu mieux à respirer, mais lorsque j’arrive aux niveaux des toilettes, je sens des mains me pousser à l’intérieur de ceux-ci et je m’écroule au sol. Lorsque je me relève, je me retrouve face à six filles dont parmi elles, la fameuse Motoko. Sans que je puisse réagir trois d’entre elles me bloquent dos au mur alors que je vois, Motoko sortir de son sac, un cutter qu’elle a du voler du cours de dessin et se dirige droit vers moi en ajoutant le regard haineux.

    - Alors comme ça, on essaye de s’approprier Ryuku-kun, Aika-chan ?

    - Qu’est ce que tu racontes on est seulement ami, lui et moi !

    Elle prend froidement mon visage dans ses mains alors que je tente d’apercevoir ce qu’elle compte faire de moi.

    - Tu nous prends pour des idiotes ou quoi ?

    - Je vous assure que nous sommes seulement amis, je vous le jure.

    - Ah oui, alors pourrais-tu m’expliquer pourquoi depuis que tu es arrivé dans notre bahut, il a cessé d’accepter nos propositions.

    - J’n’en sais rien, moi ! Peut être qu’il a comprit que ça ne lui apportait rien ou peut être qu’il est fatigué de vous !

    Bordel, je ne suis vraiment pas dans une situation pour ouvrir ma grande gueule ! Une chose est sure, c’est que Motoko n’a vraiment pas apprécié la remarque. D’un geste de la main, elle ouvre le cuter qu’elle tient dans sa main. D’un seul coup, le cuter disparait et est remplacé par un couteau, ce couteau que je connais si bien, taché de sang…je sens alors ma cicatrice me bruler tandis que ma vision se trouble et que ma respiration s’accélère…non, c’est vraiment pas le moment pour que ses images me reviennent…mais désormais à la place de Motoko, il s’agit de nouveau cette femme qui tient ce couteau taché de sang et qui hurle sur moi des mots que je n ’arrive pas à comprendre. La seule chose que je parviens à comprendre dans toutes ses images c’est que quelqu’un dans la réalité tente de me parler et qu’il s’agit de Ryuku, mais avant que je ne puisse m’échapper de ce cauchemar, je tombe dans un profond sommeil. 

    Malgré cet évanouissement les images de ce cauchemar continuent de me poursuivre, tant bien que mal que lorsque je me réveille, je suis de nouveau dans un état d’hyperventilation. Je sens alors deux bras m’enlacer et j’entends enfin la voix de Ryuku qui tente de me calmer en me disant de respirer plus lentement mais rien n’y fais, je commence à être prise par de grands tremblements alors que je sens que l’infirmière panique également jusqu’à je sente enfin la douceur des bras de Yasushi me serrer contre lui en me murmurant tendrement.

    - Calme-toi Aika, c’est bon je suis là, je serai toujours là pour te protéger, je te le promets. Ce n’est pas de ta faute alors arrête de penser à ça.

    C’est tout bête mais à chaque fois qu’il me dit ses mots, je me sens d’un seul coup tellement plus légère que mon état se calme et que je me laisse m’assoupir aux creux de ses bras, et ce depuis ce fameux jour, où notre vie a totalement été bouleversée.


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    Bienvenu à tous sur Romantic Love - le site

    Je me présente, je m'appelle Mary et j'écris des fictions originales, écrite dans le seul but de vous faire passer un agréable moment. Si j'ai crée ce blog c'est avant tout pour faire partager mes écrits mais également partager les écrits de tous ceux qui le voudront donc n'hésitez pas à me contacter à cette adresse  si vous le souhaitez.

    Pour l'instant vous pouvez trouver sur le blog :

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    Un petit oneshot racontant l'histoire d'Eugénie qui à un amour impossible pour le petit ami de son frère, alors les jours de pluie, elle vient se confier au grand chène qui se trouve dans le grand parc de la ville. En quelques mots, le oneshot se résume en ; Un jour de pluie, un amour interdit, et des pensées mélancoliques...

    Le oneshot (Fini)

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    Ma troisième fiction et qui est toujours en cours dont voici un résumé : Les Carlson et les Keller se détestent mutuellement...Il est donc normal que Julia et Kévin se détestent,pourtant le contraire se produit...Comment peuvent-ils vivre leur amour surtout si leur parents respectifs se détestent ? En cours

    Les chapitres (21 chapitres publiés)

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    Théoriquement la quatrième de ma vie, et la deuxième que je me suis décidée de mettre sur le blog, puisque les deux première sont à reprendre totalement puisque je n'ai plus le même style d'écriture >.<.  L'histoire se résume à : Eugénie est toujours seule, prisonnière de l'amour qu'elle porte à son futur beau frère, elle ne sait plus comment faire pour l'oublier. Mais l'hésitation de sa soeur le jour du mariage, lui donnera-t-il la possibilité d'y croire encore ?

    Les chapitres  (3 Chapitres publiés)

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    La toute dernière qui est toujours en cours d'écriture et dont je prends le plaisir fou à écrire en ce moment, même si vue que j'ai envie d'en faire une bonne histoire, je deviens vraiment rigoureuse dans sa présentation et l'admosphère qu'elle dégage.  L'histoire est à la fois simple et compliquée : Aika et son frère ainé n’ont pas été épargnés par la dure réalité de la vie. Suite à une tragédie, ils se sont retrouvés orphelins et Yasushi, l’ainé, est devenu le tuteur légal de sa demi-sœur. Mais quand ils aménagent à Tokyô, cette nouvelle vie qui s’annonce devant eux va faire resurgir des pensées et des secrets qu’ils auraient préférés gardés pour toujours.

    Les chapitres (3 Chapitres publiés)

    Le mot de la fin :

    Et ce n'est pas tout puisque prochainement, j'ai décidé de reprendre les deux premières fictions que j'ai écrites pour les publier sur mon blog, donc avant de vous laissez je vous souhaite une douce et agréable lecture.


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  • THE FIRST LOVE OF AIKA SATÔ
    Chapitre 2

     

    Depuis notre fameuse dispute, Yasushi et moi, nous ne nous adressons que très rarement la parole, ce qui fait que les journées de cette fin d’été, sont de plus en plus pénibles à supporter. Alors que j’ai décidé de faire le ménage afin de me changer les idées et surtout, pour oublier cette situation, j’entends le téléphone sonner. Quelques secondes plus tard en décrochant, je découvre la voix inquiète de Watanabe-chan qui est la manager de mon grand-frère. Watanabe-chan est une jeune femme ayant une trentaine d’années, pleine de vie et d’une extrême gentillesse. C’est elle qui a découvert Yasushi et lui a proposé de devenir mannequin lorsqu’on s’est retrouvé orphelin. Avec le temps, elle est devenue comme une mère, toujours à s’inquiéter de mon état de santé, à me coconner comme Yasushi le fait. Autrefois, je dois avouer que je les voyais bien formé un charmant petit couple. Il faut dire que Watanabe-chan ne manque pas de charme du haut de ses un mètre soixante-quinze, avec sa taille de guêpe ayant des formes aux endroits où il faut, avec ses magnifiques longs cheveux couleur ébène mettant en valeur ses magnifiques yeux bridées couleur sable. Elle n’a vraiment rien à envier aux célèbres mannequins féminins du show-biz. Cependant, il y a deux ans, elle s’est mariée avec un ancien camarade de classe et si je ne me trompe pas, elle attend désormais un enfant de lui.

    - Aika-chan, désolée de te déranger mais j’aurais quelque chose à te demander.

    Sa voix à l’autre bout du fil semble si soucieuse que je commence moi-même à m’inquiéter. Est-ce que quelque chose serait arrivée à Yasushi ? Depuis notre dispute, les soirées où Yasushi passe à la maison se font tellement rare que si nous sommes toujours en froid, c’est parce que je n’ai toujours pas eu l’occasion de m’excuser de la dureté de mes paroles.

    - Vous ne me dérangez pas Watanabe-san. Que puis-je faire pour vous ?

    - Tu ne te serais pas disputée avec Yasushi-kun, par hasard ?

    Je soupire sachant parfaitement ce qu’elle va me dire. Il déteste qu’on se dispute et généralement si la dispute perdure, il a de plus en plus de mal à se concentrer sur son travail, ce qui pose parfois de sérieux problèmes.

    - Ce n’est pas exactement une dispute, c’est juste que…

    - Que tu as l’impression encore d’être un boulet pour lui ?

    Ce n’est pas que j’ai l’impression, c’est que je le suis, c’est une vérité que l’on ne peut pas nier…Sachant que si j’ai le malheur de lui dire réellement ce que je pense, elle risque de me faire le bon discours que me sert Yasushi à chaque fois.

    - Oui, mais ce n’est pas seulement ça, j’aimerais vraiment qu’il reprenne sa vie en main, je serais bientôt majeure et il voudra que je prenne mon envol, mais lui qu’est-ce qu’il deviendra ? Je ne veux pas qu’il se retrouve seul après tout ce qu’il a fait pour moi, vous comprenez ce que je veux dire ?

    - Je comprends parfaitement et je pense qu’il est déjà en train d’y penser dans son coin, j’ai fini par le cerner mon petit Yasushi malgré le haut de ses vingt-huit ans, je dois bien t’avouer qu’il se comporte encore parfois comme un enfant.

    Je ris malgré moi à sa remarque alors qu’elle continue d’ajouter.

    - Pour revenir au sujet de mon appel…je vais aller droit au but ! Aika-chan, j’ai vraiment besoin que tu me rendes un énorme service !

    - Oui ? Que puis-je faire pour vous ?

    Elle m’explique alors que suite à son état de santé, due à sa grossesse, sa santé est devenue un peu fragile et qu’elle est tombée malade, ce qui explique le ton quelque peu grave de sa voix.

    - Pour cette raison, j’aimerais que tu me remplaces en tant que manager de ton frère, lors de son shooting à Hawaii, la semaine prochaine. Je sais que ton frère peut se débrouiller sans moi, mais ça me rassurerait de te savoir avec lui, surtout qu’il a tendance à devenir aussi ouvert qu’une huitre lorsqu’il se retrouve seul.

    J’explose de rire à la métaphore qu’elle a utilisé et je l’informe qu’il n’y aura aucun problème pour que je la remplace. De plus, un voyage d’une semaine à Hawaii cela ne se refuse pas. Elle me remercie d’avance et avant de raccrocher me conseille de me réconcilier le plus tôt possible avec mon frère. Ce que je compte rapidement faire. Le soir même alors que je viens de terminer de préparer le repas, j’entends la porte s’ouvrir et j’aperçois du coin de l’œil, Yasushi venir s’asseoir sur le fauteuil sûrement exténué par sa journée. Je lui prépare donc un verre de thé bien frais et le lui apporte en lui lançant un joyeux :

    - Okaeri, onii-chan !

    Il semble étonné mais sourit timidement et me lance un doux :

    - Tadaima !

    Ca peut paraitre extrêmement idiot, mais avec seulement ces deux mots, c’est comme si on s’était excusé l’un l’autre. Il me demande alors comment s’est passé ma journée et j’en profite pour l’informer que je serais son manager personnelle lors de son voyage à Hawaii.

    - Je me doutais bien qu’elle allait en profiter pour te le proposer, mais bon tâche de ne pas trop te fatiguer, n’oublie pas que tu reprends les cours dans deux semaines.

    - Ouiiii, promis !

     

    Ce n’est pas la première fois que j’accompagne Yasushi sur le lieu d’un de ses shooting, cependant je n’imaginais pas à quel point, son emploi du temps était surchargé. D’un côté, je ne devrais pas être surprise puisqu’il est avant tout le mannequin le plus demandé du moment mais quand même. Depuis le lever du jour, il n’a pas cessé de vagabonder de droite à gauche, pour une photo par ci où une autre par là. Heureusement pour lui, Watanabe-chan, lui avait prévu, un après midi détente et je pense qu’il y a de grande chance qu’il en profite pour se reposer. Alors qu’on trouve enfin un moment pour aller déjeuner avec toute l’équipe de l’agence, je remarque enfin que Ryuku-kun est présent également. J’ai du avoir quelques soucis à cacher mon étonnement puisque lorsque nos yeux se croisent, il étouffe un petit rire avant de venir saluer mon frère.

    - Nakajima-san, j’ai vraiment hâte de poser de nouveau avec vous !

    Yasushi le salue chaleureusement et je remarque enfin le véritable respect qu’il a envers son kouhei, c’est vrai qu’après tout, ils ont de nombreux points communs. Yasushi en profite pour l’inviter à déjeuner avec nous, ce qui semble vraiment toucher le jeune homme. On se dirige alors vers le comptoir pour y prendre notre repas de la journée.

    - Comment vas-tu Satô-chan ?

    Il m’appelle déjà par -chan ? Je souris malgré moi puisque dans ma tête je l’appelle Ryuku-kun, donc je suis mal placée pour faire une critique.

    - Très bien merci et toi ?

    Il sourit gentiment et en me répondant qu’il se porte bien puis rajoute à mon intention :

    - Même si je sens que je vais être persécuté si tu as eu le malheur de prendre ton appareil photo avec toi.

    J’explose alors de rire et Yasushi semble étonné de me voir rire ainsi.

    - Je fais si peur que ça ?

    - On va dire que la première impression était vraiment flippante, rajoute-t-il avec un regard malicieux.

    - Très bien, Takashima-SAN, n’ayez aucune crainte, je ne prendrais aucune photographie de vous puisqu’il semblerait que je vous fasse si peur ! Eh puis, je tiens à vous informez que vous n’êtes pas le seul sujet de mes clichés et que je compte bien profiter de cette semaine pour prendre en photo le magnifique paysage qui nous entoure et non votre petite personne !

    J’y crois pas, on se connait à peine et pourtant il me taquine comme si on avait élevé les cochons ensemble, mais je dois bien avouer que ce n’est pas désagréable. Alors que nous avons récupérer notre plateau avec notre repas, nous nous asseyons à une table et les deux jeunes hommes commencent à discuter de tout et de rien.

    - Au fait, Nakajima-san, cet après midi puisque personne n’a rien de prévue, nous avons décidé de nous rendre à la plage qui se situe à côté d’ici, certains y vont pour se baigner, d’autres pour bronzer, et d’autres ont prévu de faire du Beach-volley, ça vous tente de venir ?

    Du coin de l’œil, Yasushi me lance un regard malicieux sachant parfaitement l’effet qu’a eu sur moi le mot « Volley ». Depuis le primaire, j’ai toujours pratiqué du volley-ball mais suite à une blessure au genou, il m’a été interdit de le pratiquer en club donc désormais c’est devenu un plaisir rare.

    - Partante, Aika ?

    - Et comment ? Dis-je le sourire éclatant, je raterais ça pour rien au monde !

     

    A la fin du repas, on se sépare et je monte dans ma chambre mettre une tenue plus confortable pour la plage. En attrapant rapidement mon tankini shorty ainsi qu’un short, je me dirige droit vers la salle de bain. Alors que j’ai déjà enlevé mon haut, mon regard se porte sur le miroir. Je remarque enfin que depuis mon arrivée à Tokyo, mes cheveux bruns-noisettes ont quelques peu poussés. Désormais au lieu d’un dégradé qui m’arrive au milieu des épaules, la pointe de mes cheveux se situe au creux de ma poitrine. Mon regard se pose alors sur la cicatrice qui se trouve en dessous de mon soutien gorge tandis que mes yeux verts-noisette prennent une teinte plus sombre. Je ferme les yeux pour retenir l’afflux des souvenirs qui menacent de refaire surface. J’enlève alors rapidement le reste de mes affaires et met mon tankini shorty de couleur noir avec au dessus un camélia de couleur rose. D’un coup de main, j’attrape l’ensemble de ma chevelure pour la rassembler en un chignon et je finis par enfiler le short-jean de couleur blanc denim. En sortant de la salle de bain, j’enfile mes tongs de couleurs blanches et j’attrape au vol, mon appareil photo ainsi qu’une serviette.

     

    Après avoir rejoint mon frère, nous nous dirigeons vers la plage où nous rejoignions l’ensemble du staff qui profite enfin de cette agréable après-midi bien méritée. Certains en profite donc pour lire un bon livre à l’ombre d’un parasol, d’autres préfèrent aller se baigner et nous nous retrouvons au bon nombre de cinq pour jouer au Beach-volley.

    - Déjà, il est hors de question que Nakajima-san et Satô-san soient dans la même équipe ! Lance Kanno-san alors qu’on décide de se répartir en équipe.

    - Mais pourquoi, Kanno-san ? Demandons-nous hilare, Yasu-nii et moi. Il faut dire que ce n’est pas vraiment la première fois que je viens en voyage d’affaire avec mon frère et ce n’est donc pas non plus la première fois que nous nous retrouvons à jouer au volley avec les membres du staff. Kanno-san nous demande alors si nous faisons semblant de ne pas voir de quoi il veut parler sous les regards étonnés et suspicieux de nos futurs coéquipiers.

    - Onii-chan, ça va me manquer de ne pas pouvoir jouer avec toi, dis-je le regard faussement malheureux sous le regard moqueur de Kanno-san qui ne semble pas se faire abuser par celui-ci.

    - Bon, les capitaines des deux équipes seront donc vous deux, dit-il pour en revenir au sujet principal. Annoncez donc votre choix ! A toi, Satô-chan !

    D’un vif coup d’œil, je décide de prendre Takashima-san qui me lance un regard complice en s’approchant de moi.

    - Je ne sais pas pourquoi mais je m’en doutais Satô-chan ! Me murmure-t-il au creux de l’oreille.

    - Ne vous méprenez pas, Takashima-san, vous m’avez juste l’air d’un garçon costaud qui pourra faire face à mon frère, n’y voyez rien de plus. Dis-je sur un ton faussement détachée alors qu’il étoffe un petit rire.

    Il faut croire qu’on en tire un petit plaisir de nous lancer de douce petite pique mais je dois bien avouer que je le trouve vraiment sympa que je ne peux pas m’en empêcher.

    - Merde, il m’a prit mon Kyô-kun ! Murmure-je déprimée sous le regard mesquin de mon cher grand frère qui vient d’appeler dans son équipe le meilleur attaquant qu’on puisse trouver dans l’équipe du staff que je connais déjà. Après la nomination des équipes, nous nous plaçons chaque équipe d’un côté du filet tandis que Kanno-san qui est donc désigné comme arbitre se met près du filet.

    Après quelques minutes, où chacune des équipes décident de la stratégie à poursuivre, nous prenons place sur le terrain. Après un pierre-papier-ciseaux, c’est l’équipe de Yasushi qui commence à servir. Comme je l’avais espéré mon frère se donne vraiment à fond dans le jeu pour me redonner l’impression de faire du volley en club. Sa puissance est telle que même si j’ai réussi à renvoyer la balle comme je le souhaitais, je ressens de nouveau la douleur du frottement de la balle sur mon avant bras. Alors que je reprends vite position sur mes jambes pour attaquer correctement l’équipe adverse, Ryuku place la balle parfaitement que j’en profite pour bien viser au coin gauche du terrain, marquant ainsi notre première balle.

    - Bien joué, dis-je en claquant joyeusement ma main dans celle de Ryuku qui semble avoir autant l’esprit de compétition que moi.

    - Balle pour l’équipe de Satô-chan !

    Kyô-kun me renvoi donc la balle et je me poste donc derrière la ligne du terrain et sert mon premier service après tant de temps. C’est un tel bonheur de ressentir ce ballon venir rebondir sur mon poignet que je regrette d’avoir du mettre un terme à ce plaisir qui m’a tant donnée de joie lorsque j’étais plus jeune. Le service que je sers est si parfait qu’il vient s’abattre sur la surface du terrain sans qu’un de nos adversaires, n’ait pu faire un mouvement.

    - Je vois que tu n’as pas perdu la main, Aika ! Me lance mon frère avec un tendre sourire.

    - Et tu n’as encore rien vu, Yasu-nii ! Dis-je de nouveau en servant mon deuxième service.

    Le jeu s’enchaine et le score est tout de même très serré. Comme je l’avais imaginé, Yasu-nii et Kyô-kun sont vraiment fort, ce qui n’enlève aucun charme à notre petit match. D’ailleurs l’ensemble de l’équipe qui nous accompagne à abandonner leurs occupations pour regarder le match. Je mentirais si je disais que mon ancienne blessure ne m’élançait pas. Depuis deux-trois services, je dois bien dire que j’ai de plus en plus de mal à retrouver après une réception, la position d’attaque. Alors que je viens de louper la magnifique passe de Ryuku, je sens le regard inquiet de mon frère qui semble avoir compris ce qu’il m’arrive.

    - Aika, tu es sûre que tu peux continuer ? Me demande-t-il alors qu’il est au niveau du filet.

    Avec un sourire, je tente de le sécuriser mais je ne pense pas que cela fonctionne. D’un coin de l’œil, je regarde le tableau d’affichage qui n’est d’autre qu’une ardoise. Nous sommes à un set partout et comme il a été décidé en début de match, le troisième set serait donc le dernier en quinze point dans le cas d’une égalité après le deuxième set. Si j’en juge par ce qu’il est écrit nous sommes à neuf à neuf chacun, ce qu’il veut dire qu’au pire des cas si le jeu est serré jusqu’à la fin que je vais devoir tenir pendant onze balles. C’est jouable, mais j’espère juste que mon genou tiendra le coup. D’un signe de la tête, j’informe que je poursuis le jeu et je me replace.

    - Désolé, Satô-chan.

    Je me retourne étonnée vers Ryuku et je l’informe que c’est de ma faute si je n’ai pas pu prendre cette balle, ce qui semble le sécurisé un peu. C’est Yasu-nii qui sert et je sais déjà qu’il va diriger son service vers Ryuku pour m’éviter d’avoir à trop forcer sur mes jambes, ça m’énerve un peu mais bon je n’ai pas envie de me blesser encore plus au genou. Il réceptionne correctement la balle que je tente de venir lui placer au centre du filet pour qu’il puisse attaquer. Il la frappe mais celle-ci est si bien contrée par Yasushi qu’elle s’écrase dans notre camp sans que je ne puisse la rattraper. Comme je le pensais lorsque l’équipe de mon frère prend la main, ils décident de lancer le service sur Ryuku pour m’éviter d’avoir trop mal et malgré le fait de contrer demande beaucoup à mon genou, nous perdons de peu le match avec un score de quinze à quatorze pour le dernier set. Le staff nous applaudie avant de retourner à leur occupation initiale tandis que je me demande si Ryuku m’en veut d’avoir perdu.

    - Bon match, Satô-chan ! Tu es très douée pour une fille !

    Je lui retourne le compliment comme je félicite mon frère et Kyô-kun.

    - Ton genou, il va bien ? Me demande Yasu-nii le regard inquiet.

    - Oui même s’il m’élance un peu mais merci pour la fin de la partie, je sais que vous avez fait exprès de ne pas servir sur moi.

    Il me tapote tendrement la tête, et alors qu’il décide de se reposer sous un parasol, j’attrape mon appareil photo et décide de partir à l’exploration de la plage seule. Alors que j’ai quitté la plage privée de l’équipe, je retrouve la plage publique et mon regard se pose sur une petite fille si mignonne en train de construire son petit château de sable que je prends en main mon appareil. Elle semble si fière et si souriante d’avoir réussi ce petit exploit que je capture cet instant en souriant de toute mes dents. Elle semble alors m’apercevoir et sans la gêne du monde, elle m’offre un sourire si irrésistible que je capture de nouveau ce visage si agréable.

    - Hello miss, are you alone?

    Je me retourne donc et fais face à deux jeunes garçons qui semblent être de la région. Les deux ont la peau mate et des yeux de couleurs bleus. Tandis qu’un a les cheveux noir ce qui lui donne une allure très sexy, l’autre à les cheveux blonds et donne l’impression d’être un ange tombé du ciel. Je dois avouer que la photographe en herbe que je suis n’a qu’une envie c’est de capturer leur visage par de multiples clichés mais je me retiens et je finis par répondre à leur question.

    - No, I’m here with my friends. What can I do for you?

    - We are wondering if you would like to have a drink with us?

    - Sorry, but I can’t accept your proposal! I have to come back home, but thank you!

    - Don’t play your shy, miss! We aren’t bad boys!

    Punaise, c’est bien ma veine maintenant de tomber sur des dragueurs, pourquoi ai-je répondu si rapidement en anglais. Je sens alors l’un d’entre eux m’agripper le poignet pour me forcer à les suivre alors que je sens un bras venir enserrer ma taille pour la plaquer contre son corps. D’un vif coup d’œil, je constate qu’il s’agit de Ryuku et malgré moi, je me sens soulagé.

    - What do you want from my girl, dude? Demande-t-il d’une voix froide alors que son regard se fait noir.

    - Don’t be mad, man, we didn’t know! We thought that she was single!

    Et sans demander leurs restes, ils s’éloignent de nous tandis que Ryuku s’éloigne de moi alors que je le remercie de m’avoir aidé.

    - Je t’en prie, je ne pouvais pas laisser une photographe perverse se faire kidnappé par des mecs dans leur genre. Dit-il d’un ton espiègle avant de rajouter, je ne pensais pas que tu faisais dans les petites filles. Traumatisée une enfant de son âge, je te pensais pas si perverse.

    Alors que je le regarde de nouveau scandalisée par ses accusations sans fondements, il se met à rire de bon cœur que je capture cet instant avec plaisir.

    - Et il semblerait que mes suppositions étaient justes. Oh mon dieu, je suis le fétichisme d’une perverse dangereuse !!! Dit-il d’un air faussement effrayé.

    - Puisque vous semblez si paniqué par ma personne, ne me suivez plus alors ! Dis-je d’un air vexé en reprenant ma promenade sur la plage. Je sais très bien qu’il est derrière moi c’est bien pour cela que je me retourne quelques minutes plus tard, en ajoutant.

    - Vous n’avez donc rien d’autre de mieux à faire que me suivre Takashima-SAN ?

    Il hausse les épaules et d’une voix lasse me lance :

    - Que voulez vous j’ai peur que si je vous laisse seule, Satô-SAN, vous ne vous fassiez de nouveau kidnappé par des pervers de votre espèce.

    Je lui tire alors la langue en le traitant d’idiot et il sourit en venant à ma hauteur.

    - D’ailleurs je me demande pourquoi tu es si passionnée par la photographie, Aika-chan ? Mon regard se pose alors sur mon appareil photo et d’une voix douce, je réponds alors sans équivoque à sa question.

    - La photographie m’offre la possibilité de voir le monde sous un autre jour ! Grâce à elle, j’arrive à voir ce que la vie a à m’offrir et que finalement, celle-ci n’est peut être pas si horrible et sombre que j’ai pu un jour le croire, c’est tout !

    Nous sommes dans un coin isolé de la plage alors qu’on peut voir que le soleil commence à peine à décliner à l’horizon. Je prends alors en joue mon appareil et capture cet instant avec un doux sourire alors que je sens le regard de Ryuku sur moi.

    - Et toi, aimes-tu ton métier, Takashima-kun ?

    Il sourit en entendant que je me suis enfin décidé à l’appeler en utilisant –kun au lieu de –san.

    - Pour être franc au début, je prenais ça comme une façon de gagner ma vie, mais je dois bien avouer que j’adore jouer avec le photographe et lui montrer des facettes de moi qu’il ne pourrait s’imaginer.

    - Cela explique pourquoi tu es surnommé le « caméléon » ! Dis-je en reportant mon attention sur lui. N’empêche, je comprends les sentiments de ces photographes, tu es vraiment un sujet intéressant.

    Il me regarde d’abord étonné et finit par exploser de rire sous le déclic de mon appareil photo qui a enfin réussi à capturer une facette qu’aucun photographe n’a encore pu avoir de lui.

    - Que dirais-tu d’être celle qui capturera mes plus belles expressions, chère Aika-chan ? Son expression à désormais pris celle du défi et je dois avouer qu’au fond de moi-même, j’ai vraiment envie de capturer encore plus les différentes facettes de son visage pour mon désir personnel. Ce jeune homme m’attire totalement et je pense qu’il en a parfaitement conscience.

    - Puisque tu t’adresses à moi, en utilisant directement mon prénom, je suppose que tu ne vois aucun inconvénient à ce que je fasse de même, Ryuku-kun ?

    Son sourire devient terriblement charmeur alors que je m’empare de nouveau de mon appareil pour figer cette expression et lui répond.

    - Très bien, Ryuku-kun, j’accepte ton défi ! Tu es désormais mon sujet de prédilection donc soit préparer à te retrouver traqué par mon objectif.

    - D’accord, Aika-chan ! Dit-il avant de se jeter dans la mer alors que je reste choquée sous le regard si sensuel qu’il vient de me lancer. Au fond de moi, malgré qu’il ne s’agisse que d’un jeu innocent entre nous deux, je dois bien avouer que depuis ma rencontre avec lui, il m’a totalement envoutée et le spectacle que je suis en train d’admirer ne semble pas me prouver le contraire. Je crois qu’il y a des chances que je devienne vraiment dépendante, du fait de le prendre en photo pour départager le monde réel de l’irréel pour tenter de résister à ce charisme si exceptionnel dont il semble être envoûté.


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  • The First Love Story of Aika Satô

    By Mary

     

    Bonjour, me voici  de nouveau avec une nouvelle fic, ne vous inquiétez pas je continue tout de même les autres mais il faut bien avouer que celle-ci me trotter dans la tête depuis pas mal de temps et j’ai fini par la faire, donc j’espère qu’elle vous plaira également.


    Résumé:

    Aika et son frère ainé n’ont pas été épargnés par la dure réalité de la vie. Suite à une tragédie, ils se sont retrouvés orphelins et Yasushi, l’ainé, est devenu le tuteur légal de sa demi-sœur. Mais quand ils aménagent à Tokyô, cette nouvelle vie qui s’annonce devant eux va faire resurgir des pensées et des secrets qu’ils auraient préférés gardés pour toujours.

     

    Chapitre 1 :

    Assise le dos collé à la vitre de la terrasse, mon regard se porte vers le ciel de cette douce nuit de fin de mois d’aout. La douce brise de cette fin de soirée semble rafraichir la ville comme le doux souffle de la personne qu’on aime au creux de son oreille, agréable et relaxant à la fois. Le quartier où nous venons d’aménager, mon grand frère et moi semble déjà être plongé dans le sommeil… on peut même entendre au loin les bruits de vie du centre ville. Heureusement pour nous, nous avons trouvés un appartement loin de tous les artifices de cette grande ville qu’est Tôkyô. Je souris tendrement lorsque je constate que malgré mes inquiétudes, celles-ci ne se sont pas réalisées, on peut en effet admirer le ciel étoilé à partir de l’appartement malgré notre proximité de la ville.

    - Aika ? Murmure la voix de mon grand frère.

    - Oui, Yasushi ?

    Il apparait au coin de la fenêtre et me dit d’une voix inquiète.

    - Tu devrais mettre une veste, tu risques d’attraper froid.

    Je souris malgré moi en pensant qu’avec le temps, il est devenu un véritable papa poule. Yasushi, est une personne au caractère calme et protectrice. Son physique ravageur lui a permit de percer dans le monde de la mode…qui pourrait résister à ce corps d’Apollon et à son visage d’ange…il faut bien l’avouer, très peu. Il possède de fins cheveux noir coupés en dégradé qui lui arrivent au niveau de la nuque, la forme particulière de son visage, donne l’impression que c’est un lycéen  malgré le haut de ses vingt-huit ans. Ses yeux bridés sont d’un noir si profond, qu’ils font de lui la figure même de l’homme ténébreux par excellence. Son corps toujours caché sous des chemisiers des grands couturiers, arbore des muscles bien dessinés et fermes. Il faut bien l’avouer, mon grand frère n’est pas le mannequin numéro un du Japon pour rien. Je souris tendrement à sa remarque et lui rétoque que je n’ai pas froid et qu’il devrait plutôt aller se préparer pour son diner avec l’une des mannequins avec laquelle il doit bientôt travailler.

    - Et évites de la faire tomber folle amoureuse de toi, dis-je lorsque je le vois se diriger vers sa chambre.

    - Très bien, Darling ! Rajoute-t-il avec un sourire charmeur.

    Je souris à sa réponse alors que je le vois disparaitre derrière sa porte. Mon sourire alors s’éteint pour faire place à un masque de tristesse. Cela va faire dix ans qu’il sacrifie sa vie pour moi…oui bientôt dix ans…Les images d’un lointain passé semble ressurgir de ma mémoire…Ses images que je souhaiterais tellement oublier…après tout ce temps…mais qui semble vouloir me hanter et me suivre jusqu’à la fin de ma vie. Je sens sa main se poser sur ma tête et venir tendrement tapoter celle-ci. Mon regard se lève donc sur son tendre visage et il me murmure.

    - Cesses donc de penser à ça, Aika, veux-tu ?

    Comment pourrai-je oublier tout ceci, le fait qu’à peine âgé de dix-huit ans, tu as décidé de sacrifier ta vie pour m’élever, moi ta petite sœur, suite aux décès de nos parents…Non, je ne pourrais jamais oublier que par ma faute, celle que tu as longtemps aimé a décidé de te quitter car tu ne voulais pas me laisser seule…Je détourne mon visage et murmure.

    - Tu devrais y aller, tu vas finir par être en retard.

    Il souffle contrarié et rajoute alors qu’il s’est déjà dirigé vers l’entrée, qu’il sera de retour vers une heure du matin. Lorsque la porte se referme, je relève mon visage vers les cieux alors que je sens la mélancolie prendre possession de mon corps. Je ferme les yeux et sens enfin les larmes venir glisser sur mes joues. Des images apparaissent d’un seul coup devant mes yeux…le visage d’une femme cachée par les traits du désespoir qui me semble à la fois étranger mais pourtant si familier, un couteau taché de sang…et d’un seul coup un cri strident qui semble compresser ma poitrine si fortement que lorsque je rouvre les yeux, je suis en sueur et à bout de souffle comme si j’avais couru un marathon. Encore ce foutu cauchemar, quand cela va-t-il cesser ? Petit à petit, mes pleurs se calment tout comme ma respiration reprend un rythme de croisière. D’un vif coup d’œil, je remarque qu’il est désormais vingt-trois heures, difficilement mais doucement je me relève et vais prendre dans le coin de l’entrée les poubelles qu’ont occasionnées notre déménagement. Après avoir soigneusement refermée la porte derrière moi, je remarque que je ne suis pas la seule dans le hall de l’étage. Du coin de l’œil, je peux voir un couple qui semble se disputer.

    - Mais qu’est ce que tu dis, je ne t’ai jamais demandé de sortir avec moi, idiote !

    - Comment oses-tu après tout ce qu’on a vécu, Ryuku ? Rajoute d’une voix désespérée la jeune fille, face au regard noir de ce garçon qui semble n’avoir aucune pitié pour elle.

    - Motoko, tu t’es fais des films toute seule, comment moi, Ryuku Takashima, pourrait sortir avec une fille comme toi, de plus pour une relation sérieuse ?

    Le bruit sourd d’une gifle se fait entendre, alors inquiète de la réaction du jeune homme, je me retourne vers eux et mes yeux rencontrent enfin ceux du jeune homme. Je suis choquée de constater qu’il doit avoir le même âge que moi ou peut être âgé de quelques années de plus, ses cheveux fins mi-longs coupés d’une façon plus décoiffée que celle de mon frère sont d’un brun clair presque un peu roux. Les traits de son visage sont parfaits, il dégage une véritable aura de charisme et de virilité que peu d’hommes peuvent se vanter d’avoir. Je suis persuadée que peu de filles doivent lui résister alors je suppose qu’il peut surement se permettre ce genre de remarque. Son regard ne me quitte pas et semble si pénétrant que j’ai presque l’impression d’être toute nue. Il me sourit gentiment et son regard qui était jusqu’à là, assez ténébreux paraît s’adoucir et d’une voix calme ajoute :

    - Bonjour, Mademoiselle.

    Sans un mot, je le salue rapidement de la tête et je me dirige rapidement vers l’ascenseur.

    - Ah d’accord, c’est elle ? Ta nouvelle conquête ? Rajoute la jeune fille sur un ton sombre alors que je monte dans la cage de l’ascenseur.

    Un silence s’installe dans le hall alors que la porte de l’ascenseur est sur le point de se refermer et que leurs regards sont portés sur moi qui les regarde imperturbable. Alors que les portes sont sur le point de se fermer, il murmure enfin :

    - Idiote, c’est la femme de Yasushi Nakajima !

    Lorsque les portes se ferment, je me retrouve face à mon visage, mon regard est sombre et triste. Encore une fois, il y a eu un malentendu…De nouveau, mon frère se retrouve à faire face à ce genre de remarque désobligeante. Lorsqu’il a commencé dans le métier, les gens me prenaient pour sa fille, puis ensuite je suis devenue l’objet de son fétichisme pour les petites filles et désormais… je suis sa femme ? Je rigole nerveusement à cette remarque alors qu’elle ne me fait pas rire du tout. Arrivée en bas après avoir déposé les poubelles à l’endroit prévu, je me retrouve de nouveau face à l’ascenseur lorsque je sens deux bras enlacés mon frêle corps tendrement et une voix venir me murmurer.

    - Darling, je suis rentré.

    Lorsque mon regard rencontre le sien, il semble vite comprendre que je ne suis pas d’humeur à plaisanter, surtout pas après ce que je viens d’entendre de la part d’un parfait inconnu.

    - Qu’est ce qui se passe Aika ?

    Je le regarde froidement alors que je m’en veux d’être la source de telles remarques.

    - Ne me redis plus jamais Darling, c’est bien clair !!!!

    J’ai hurlé, je le sais, mais malgré moi mes larmes commencent à couler.

    - S’il te plait, ne les laissent pas te critiquer comme ils le font…

    Tendrement il vient me prendre dans ses bras, comme le ferait un père avec son enfant. Si personne ne croit qu’on est seulement frère et sœur, c’est uniquement parce que nous n’avons pas les mêmes parents. A la base, notre famille est une famille recomposée ayant un passé assez complexe. Yasushi est le fils de la première femme de mon père qu’elle a eu étant très jeune et dont il est devenu le tuteur légal et qu’il a continué d’élever même après le décès de celle-ci qui avait une santé très fragile. Lorsqu’il a rencontré ma mère, ils se sont mariés et automatiquement Yasushi a continué de vivre avec eux et quelques années plus tard, je suis née. Officiellement nous ne sommes même pas demi-frères et génétiquement, nous ne sommes rien l’un pour l’autre, mais pourtant lorsque Papa et Maman sont morts, il n’a pas hésité une seule seconde et a décidé de m’élever, c’est pour cette raison que je ne peux pas supporter les remarques qui le font paraître comme un danger public. Tendrement il vient m’embrasser le front et en me forçant à le regarder, il ajoute :

    - Je m’en moque totalement de ce que peuvent dire les autres, tant que tu peux t’épanouir sans soucis, j’en ai vraiment rien à cirer. Tu es ma précieuse petite sœur et ce qui me rend le plus triste c’est de te voir dans cet état juste à cause de remarques stupides. S’il te plait, Aika, sèches-moi ses larmes et fais moi un petit sourire, d’accord ?

    Son visage est si tendre mais peiné à la fois que je viens automatiquement me blottir contre lui. Il est ma bouée de sauvetage, sans lui, depuis longtemps j’aurai cessé de sourire, voir de rire…mais ça me rend tellement triste d’être la source de sa tristesse. Je sais bien que malgré tous ces mots de réconfort, se cache un Yasushi qui aurait voulu vivre sa vie sans un boulet comme moi, mais pourtant j’ai tellement besoin de la chaleur de ses bras qui m’enlacent avec douceur. Inconsciemment et le plus naturellement du monde, je m’endors extenuée au contact du sentiment de paix et de la chaleur d’un foyer aimant qui émane de lui.

     

    Lorsque je rouvre mes yeux, je suis sur mon lit et je peux apercevoir que le soleil est en train de se lever, instinctivement et le tout naturellement du monde, j’attrape mon appareil photo et sors rapidement de l’immeuble pour rejoindre la colline qui surplombe l’ensemble des habitations du quartier. Il n’y a rien à dire le paysage d’ici est totalement magnifique. Nous vivons assez éloignés de la ville et on a l’impression d’être en pleine campagne. Du haut de la colline duquel je me tiens, je peux apercevoir l’océan pacifique qui s’étend de tout son long alors que le soleil pointe petit à petit son visage. Je capture cet instant par de multiples clichés. Lorsque satisfaite de mon résultat, je décide de retourner à l’appartement je distingue tout près la forme d’un homme, les yeux levés vers le ciel dont la brise matinal semble fouetter tendrement le corps donnant l’impression qu’il s’agit d’un ange. Instinctivement je reprends en main mon appareil et fige cet instant comme précédemment sans pouvoir détacher mon attention du sujet. L’expression tout à fait naturelle de cet homme me fascine totalement, je n’avais jamais vu quelqu’un ayant autant de classe et surtout de charisme en cet instant. D’un seul coup, il semble se tourner vers moi et à travers mon objectif, je remarque enfin qu’il s’agit du jeune homme d’hier soir. Son regard est plus que troublant que je continue de le photographier encore et encore alors que l’ange que je voyais à l’instant semble d’un seul coup avoir une aura maléfique. Ses yeux sont d’un brun si profond que j’appuie sur le bouton de l’appareil passionnément sans pouvoir m’arrêter alors que je le vois se rapprocher de plus en plus jusqu’à qu’il m’ôte l’appareil de mes mains et me demande froidement :

    - Tu ne sais pas que tu dois avoir mon autorisation pour me photographier ?

    Mon regard rencontre enfin le sien. Je suis parfaitement au courant que je dois demander une autorisation pour prendre un cliché mais alors le sujet ne serait plus naturel, ce qui supprimerait tout le charme d’une bonne photo.

    - Désolé mais je n’ai pas pu m’en empêcher !

    Ce qui est tout à fait vrai, généralement toutes les photos que je prends sont prises par hasard parce que l’expression ou l’émotion est particulière et que j’ai besoin de la capturer. Il me regarde choqué et je continue.

    - Je photographiais l’océan mais lorsque j’allais rentrer je vous ai aperçu et vous sembliez…Attendez je vais vous montrer.

    Je reprends l’appareil dans mes mains et rentre dans la mémoire et je lui montre les premières photos qui lui correspondent.

    - Eh bien, oui c’est moi…il est où le problème ?

    Je souffle déçue, il semble que la photographie n’ait pas retranscrit ma propre vision…. 

    - Laissez tombez, je vais les effacer, encore désolée…

    Cela doit s’entendre que je suis déçue, déçue de n’avoir pas pu faire passer à travers l’objectif de mon appareil l’expression et l’émotion que j’ai ressentie. Alors que je suis sur le point de supprimer la photographie, il m’arrache de nouveau l’appareil des mains et murmure gêné.

    - Ne les supprime pas, c’est juste moi qui comprends rien à la photographie.

    - Ce n’est pas une question, de comprendre ou non la photographie, si en voyant la photographie vous n’éprouvez rien, c’est qu’il s’agit d’une mauvaise photo !

    Je n’ai pas besoin qu’on me dise ce genre de chose dans le seul but de me réconforter, je suis assez grande pour comprendre que je suis nulle. Je récupère l’appareil et sans un mot je m’éloigne de mon voisin qui semble choqué de ma réaction.

     

    Arrivé à l’appartement je jette mon appareil sur le canapé et me dirige vers la cuisine pour préparer le petit déjeuner. J’entends alors des pas s’approcher et j’aperçois Yasushi entrer dans la cuisine. Il est toujours en pyjama et il me demande d’une voie sombre.

    - Tu étais passé où ?

    Je relève mon nez de la préparation de la soupe Miso et lui répond d’une voix triste.

    - Je suis allée faire des photos du lever de soleil sur la mer mais elles sont ratées.

    Il demande à les voir et je lui indique mon appareil photo qui est sur le canapé. Alors qu’il se dirige vers l’appareil, je commence à mettre la table. Quelques minutes plus tard, il m’interpelle et d’une voix calme me dit.

    - Elles ne sont pas mauvaises, je les trouve même excellentes surtout celles de Ruyku. Vous vous connaissez ?

    Je viens m’asseoir près de lui et regarde du coin de l’œil la photographie qui me montre. C’est vrai qu’elle n’est pas mauvaise dans l’ensemble mais même Yasushi, ne ressens pas l’émotion que j’ai ressentie, alors pour moi, c’est une autre photographie fichue. Je souffle découragée et répond enfin à sa question, en murmurant.

    - Ce garçon est notre voisin de palier, je suis tombé par hasard sur lui, c’est tout. D’ailleurs, tu le connais ?

    - Vaguement, c’est l’un des mannequins de l’agence. Il s’agit d’un de mes kouheis, cela m’est déjà arrivé de poser avec lui. Tu as d’ailleurs du voir les clichés, tu ne t’en souviens pas ? Me répond-t-il  calmement alors que je le regarde choquée.

    Il ne me semble pas avoir aperçu ce garçon sur une des nombreuses photos sur lesquelles pose mon frère. Pourtant un homme avec une telle prestance aurait dû me sauter aux yeux. Comprenant que je doute de l’avoir déjà vu sur l’un de ses shooting photo, il me tend l’appareil et se dirige vers les albums que je garde. Il semble réfléchir et me demande quel classeur correspond à la séance pour le grand couturier Sakamoto. J’indique l’album en question et il revient à ma hauteur en feuilletant celui-ci. Il me le tend en me montrant du doigt une des photographies où je le vois poser aux côtés d’un jeune homme. Je lui prends l’album des mains et je regarde attentivement le cliché. Le jeune homme à l’air totalement différent de celui que j’ai pu observer. Son regard est ténébreux, il dégage un charme irrésistible et pourtant malgré tout, il ne ressemble en rien au garçon que j’ai rencontré.

    - C’est vrai que quand on ne le sait pas, on a du mal à croire que c’est lui. Les photographes l’appellent même « Le Caméléon » tellement ils sont dans l’incapacité de capturer deux fois la même expression chez lui.

    L’expression qu’à mon frère montre qu’il a énormément d’estime pour ce jeune homme alors inconsciemment je murmure :

    - On dirait que tu as énormément de respect pour ce garçon, non ?

    Il sourit gentiment et après un court moment, il me répond.

    - Pour être franc…En effet, j’ai l’impression de me reconnaitre en lui…

    Il se reconnait dans ce garçon, c'est-à-dire ? Sentant que je l’interroge du regard, il ajoute :

    - Tu sais, il est rentré dans le monde du mannequinat car il a également perdu sa famille…Et puis, je suis persuadé que dans quelques années, ce jeune homme fera énormément de choses et sera sans aucun doute, le numéro 1. Je ne me fais pas d’illusion, dans peu de temps, il aura ma place…

    Il sourit alors que mon regard se pose de nouveau sur la photographie en question. Je sais très bien que dans quelques années, mon grand frère sera trop vieux pour ce travail…Je soupire inconsciemment à cette éventualité alors que le sentiment de culpabilité semble de nouveau me hanter. Dans quelques années, il voudra que je fasse ma vie, que je le quitte… Et à ce moment là, que deviendra-t-il s’il se retrouve seul ? Je referme sans un mot l’album et je retourne dans la cuisine pour amener le petit déjeuner sur la table. Alors qu’il commence de manger, sans m’en rendre compte, je lui pose cette question qui me brûle les lèvres.

    - Yasushi, as-tu quelqu’un dans ta vie en ce moment ?

    Il me regarde étonné et je capitule en ajoutant :

    - Dans quelques mois j’aurai dix huit ans, donc tu n’auras plus aucune obligation de t’occuper de moi...Je sais que je suis une charge pour toi, donc je tâcherais de devenir le plus rapidement indépendante mais je voudrais que…

    - Tais-toi, Aika !

    Sa voix est vraiment dure et sévère tout comme son regard. Je sais qu’il est en colère mais je suis un boulet pour lui, pourquoi ne le reconnait-il pas ? Pourquoi s’entête-t-il à me dire le contraire ?

    - Mais Yasushi…

    - Il n’y a pas de mais, Aika ! Je n’ai jamais regretté une seule seconde d’avoir pris la décision de devenir  ton tuteur légal donc…

    - Menteur !

    Je me suis levé de ma chaise et me retrouve face à lui, les larmes aux yeux. Il ment, je sais qu’il l’a souvent regretté…je le sais car jamais je pourrais oublier ce regard…le regard qu’il a eu lorsqu’elle l’a quitté.

    - Yasushi arrête de te mentir, tu sais très bien que depuis dix ans, je suis une charge pour toi, tu as sacrifié ta vie pour moi, tu as même dû sacrifier l’amour de ta vie…

    Son regard choqué jusqu’alors devient horriblement peiné et je regrette désormais de lui avoir dit tout ça. Il détourne la tête pour ne pas me faire face tout comme moi. Il se retient, j’en suis certaine, il me ment pour mon propre bien, mais je suis assez grande pour comprendre que par ma faute il a dû dire adieu à certaines choses, et à commencer par Mizuki…D’un revers de main, j’écrase les larmes qui ont perlés sur mes joues et je sors en courant de l’appartement sans un mot. Arrivée dans le pré où j’avais rencontré un peu plus tôt le jeune homme, je m’assoie contre un chêne et tente de me calmer. J’aimerais tellement que Yasushi soit heureux, qu’il puisse avoir la vie qu’il n’a pas pu avoir par ma faute. Pourquoi est-ce qu’il ne comprend pas ça ? Je soupire et observe enfin les environs, comme la matinée vient juste de commencer, la température est encore supportable et la brise est plus qu’agréable. Je vois un petit chiot jouer avec une petite fille au loin et le sourire me revient automatiquement. Yasushi doit être inquiet, je ferais mieux de rentrer mais je n’en ai pas envie. Je décide alors de me lever et de retourner sur la colline où je me trouvais à l’aube, lorsque du coin de l’œil, je remarque de nouveau ce garçon allongé à l’ombre d’un chêne. Il semble s’être s’assoupi…Et dire que jusqu’à tout à l’heure je pensais que, malgré l’attirance qu’il provoque chez moi, ce n’était qu’un trou du cul qui jouait avec le cœur des filles…Mais j’arrive désormais à le voir autrement…Se retrouver seul au monde, n’a pas dû être facile à vivre, j’en suis sûre…J’entends un bâillement et nos yeux se rencontrent de nouveau, il semble étonné mais avec une voix à la fois ironique et amicale, il me lance :

    - Alors mademoiselle, tu n’as plus ton appareil avec toi ?

    Je souris malgré la pique qu’il vient de lancer, mon frère a raison, on ne voit pas deux fois la même expression chez lui.

    - Faut croire que non !

    Il sourit à ma réplique et après s’être levé, il arrive à ma hauteur en me tendant sa main.

    - Je m’appelle Ryuku Takashima, chère voisine.

    Mon regard ne quitte pas le sien, alors que je n’arrive pas à m’empêcher de penser qu’il est à la fois attirant, captivant et surtout extrêmement bizarre. Je souris et en serrant sa main, j’ajoute :

    - Ravie Takashima-san, je m’appelle Aika Satô.

    - Satô ? Mais tu ne vis pas avec Nakajima-san ?

    Je soupire lassé par ce genre de question et je finis par murmurer.

    - C’est très compliqué, mais Yasashi est mon grand frère…même si nous ne portons pas le même nom de famille.

    - Oh je comprends, problèmes familiaux ? Il me semblait avoir entendu parler que Nakajima-san était orphelin mais jamais qu’il avait une petite sœur, donc désolé d’avoir pensé que tu étais sa femme.

    - Ce n’est pas grave. Au fait encore désolée pour tout à l’heure…

    - Ce ne serait pas plutôt à moi de te demander pardon ? Tu sais je ne suis vraiment pas doué lorsqu’il s’agit de juger un cliché.

    Je souris et murmure :

    - Et pourtant tu travailles dans le mannequinat, non ?

    Il acquiesce de la tête mais son regard se fait sombre.

    - Cela ne veut pas dire que je comprends quelque chose à la photographie.

    - Pourtant les clichés de toi sont sublimes, il faut bien l’avouer tu n’es pas surnommé « le caméléon » pour rien… En tout cas, c’est incroyable le charisme que tu dégages sur ces clichés.

    Il semble rougir et je remarque enfin que mes paroles étaient un peu osées.

    - Enfin ce que je veux dire c’est que tu es incroyablement photogénique, c’est tout.

    Désormais, c’est moi qui suis gênée alors que je ressens de nouveau sur moi son regard pénétrant. Un calme pesant s’installe entre nous. Punaise, pourquoi est-ce que je suis toujours aussi franche, j’arrive vraiment à me mettre dans des situations plus que gênantes…Il doit vraiment penser que je suis vraiment bizarre comme fille. D’un seul coup, il explose de rire alors que je le regarde interdite.

    - T’es vraiment marrante comme fille, mais ça me plait. J’espère qu’on deviendra rapidement ami.

    Son sourire naturel est vraiment magnifique et limite je m’en veux de ne pas avoir pris mon appareil avec moi pour le capturer. Il n’y a rien à dire ce jeune garçon qui est en face de moi, me captive totalement et j’éprouve l’envie d’en apprendre plus sur lui.  En répondant à son sourire, je murmure également :

    - T’es vraiment bizarre mais j’espère également qu’on deviendra rapidement ami.


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